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« NON » c’est la valise, « OUI » c’est le cercueil
16 avril 1969

En mai 1968, Le Canard enchaîné, qui soutint la cause étudiante, souhaita la fin du pouvoir personnel de de Gaulle et l’arrivée aux affaires de la gauche unie. Bien que le général retourna la situation à son profit avec, notamment, la grande manifestation du 30 mai sur les Champs-Élysées et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale , la rédaction de l’hebdomadaire satirique refusa de prendre acte de l’échec du mouvement de Mai, assura les étudiants que « leur rôle en ce mai historique ne serait pas oublié », poursuivit sa campagne contre les violences policières impunies et dénonça la reprise en main de l’ORTF. La victoire écrasante du parti gaulliste aux élections législatives des 23 et 30 juin fut qualifiée de « triomphe de la peur » et « d’apothéose du parti craintif ». Puis l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie éclipsa Mai 68 et la guérilla contre de Gaulle s’estompa.

Elle reprit de plus belle en février 1969,

à l’annonce du référendum, fixé au 27 avril, portant sur l’organisation régionale et la réforme du Sénat. Si la création des régions administratives ne posait guère de problème, la transformation du Sénat en instance consultative fut, en revanche, interprétée comme une tentative pour réduire le dernier bastion de l’opposition. Le Canard fit alors partie des adversaires au projet – allant des communistes aux centristes – qui dénoncèrent le renforcement du pouvoir personnel du général.

Ainsi, dans ce numéro 2529 du Canard enchaîné, paru le 16 avril 1969,

R. Tréno, le directeur, écrit : « Il a choisi le référendum pour avoir une porte honorable de sortie, une porte qu’il puisse faire claquer. Pourquoi les français ne lui donneraient-ils pas sa chance ? Comme il donne lui-même leur chance aux français, leur chance de se débarrasser bien gentillement de lui ? Au fond, les référendums sont, pour le Général, le moyen de jauger la maturité politique de ses sujets. C’est dans la mesure où ils votent Oui qu’il les traite de veaux. Si les Non, cette fois, l’emportaient,  je vois très bien de Gaulle s’écrier, en faisant ses malles pour Colombey ; « Enfin !… Enfin… Ils sont majeurs » ! […] En cas de Oui, partez aussi, mon Général ! ».

Dans sa rubrique « La Cour », dans un style inspiré du cardinal de Retz, André Ribaud relate l’interview télévisée du général par Michel Droit : « Le Roi ne se fit la tête auguste que sur la fin de la saynète quand il expectora sa menace d’abdiquer sa couronne si ses peuples n’acquiesçaient point, le 27 avril, au renforcement de sa dictature et à l’aigrissement de son arbitraire […] Ce qu’on vit bien à clair, c’est qu’au milieu des périls variés et innombrables qui traversaient son royaume, et devant lesquels ses ministres et lui semblaient à bout de voies, le Roi, par orgueil, par dépit, par amour-propre, par vieillesse, n’avait point été capable d’imaginer d’autre remède que son ineptie référendaire du 27, la plus propre à augmenter encore ces périls. Et voilà les godenots à publier à demi-bas que si le Roi se trouvait contraint, par un fatal décret, au soir du 27 avril, de s’exiler à Colombey, la nation serait fort avisée de lui décerner en récompense les dignités, nom et bâton de maréchal Gribouille ! ».

L’enjeu du référendum fut détourné par les électeurs, se concentrant sur le changement à la tête de l’exécutif. Le « non » l’emporte par 52,4% des suffrages exprimés (80,1% de participation). Le 28 avril 1969 à 00:10, de Gaulle annonce sa démission dans un communiqué laconique : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi » et il se retire à Colombey-les-Deux-Eglises.

SP