Les origines d’un Roi de France –
Dans cet article du Canard Enchaîné, Jean Galtier-Boissière explore les origines et l’influence de François de Wendel, un puissant industriel et banquier français d’origine allemande, qu’il décrit comme le chef de file d’une nouvelle féodalité industrielle et bancaire en France, comparable à celle de l’Ancien Régime. Cette analyse vise à mettre en lumière les privilèges et le pouvoir considérable que cet homme et sa famille ont accumulés au fil des générations.
François de Wendel descend d’une lignée qui remonte à Jean-Georges de Wendel, un colonel au service de l’empereur allemand Ferdinand III, et à son fils Christian, qui servait Charles IV. Le petit-fils de Jean-Georges, Jean-Martin de Wendel, a quitté le métier militaire pour celui de munitionnaire, achetant les établissements Lecomte à Hayange, en France, posant ainsi les bases de la fortune familiale. Son descendant Ignace de Wendel, après avoir émigré précipitamment à Coblentz lors de la Révolution française, a vu ses établissements rachetés et gérés par un homme de paille qui continuait à fournir des armes à la République.
Avec le retour des émigrés sous l’Empire, François de Wendel, fils d’Ignace, a repris la direction des fabriques, qui prospéraient grâce aux guerres napoléoniennes. Après la guerre de 1870 et l’annexion de la Lorraine par l’Allemagne, la famille de Wendel a habilement scindé ses intérêts entre la France et l’Allemagne, créant deux entités commerciales distinctes mais coopératives : une société allemande et une société française.
Pendant la Première Guerre mondiale, cette scission permettait à la famille de Wendel de maintenir des intérêts des deux côtés du conflit. François de Wendel siégeait au Palais-Bourbon en France, tandis que son cousin Von Wendel était député au Reichstag à Berlin. Des arrangements tacites ont permis de préserver le bassin de Briey-Thionville, essentiel à la production industrielle, des bombardements, assurant un approvisionnement continu en ressources pour l’armée allemande, prolongeant ainsi la guerre.
Galtier-Boissière critique vivement cette connivence et cette gestion familiale des affaires industrielles en temps de guerre, soulignant que bien que François de Wendel ne soit pas responsable des actions de ses ancêtres, ses origines expliquent certains de ses choix et le discréditent en tant que dirigeant influent en France. En mettant en lumière ces faits, l’article vise à dénoncer l’hypocrisie et les pratiques douteuses de ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique, rappelant les luttes contre les privilèges féodaux tout en soulignant que de nouveaux privilèges se sont réinstallés sous une autre forme.