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Guerre et grippe
30 octobre 1918

La 1ère guerre mondiale est sur le point de s’achever, faisant quelque 20 millions de morts (civils et militaires à parts presque égales) et 21 millions de blessés.

Mais voici qu’une autre calamité s’abat sur le monde, la grippe espagnole, encore plus meurtrière, avec 50 millions de morts en 2 ans dans le monde entier, selon l’Institut Pasteur, voire 100 millions selon certaines réévaluations faites en 2020. Il s’agit d’une pandémie de grippe A (H1N1), due à une souche particulièrement virulente et contagieuse. Elle est qualifiée d’espagnole car l’Espagne, non impliquée dans le conflit, fut le seul pays à publier librement des informations sur cette épidémie. Aujourd’hui, on privilégie l’hypothèse d’une origine du virus au Kansas.

A la une du numéro 122 du Canard enchaîné, paru le 30 octobre 1918, on ironise : « C’est bien la grippe… Nul doute que l’épidémie actuelle ne soit, comme on l’a dit, de grippe espagnole. Le corps médical est unanime. Mais alors se pose cette question, lourde de responsabilités pour la royauté : Pourquoi avoir supprimé les Pyrénées ? Louis XIV fut un grand roi, c’est entendu […] Mais lorsqu’il décréta d’un cœur léger : « il n’y a plus de Pyrénées ! » il supprima d’un seul coup (d’un sale coup !) la barrière naturelle que Dieu, dans sa sollicitude, avait élevée entre la France et la contagion […] Vivent donc les Pyrénées ! Les Hautes et les Basses ! ».  

En page 4 du même numéro, on trouve aussi un poème envoyé par un soldat du front, avec cet extrait :

« Enchaîné, « Canard », tu dois l’être

Car depuis trois mois ton lecteur

Assidu ne te voit paraître

Dans le courrier de son secteur.

Quelque embusqué, d’une main sûre

Pour s’économiser deux ronds

Te garde « au nom de la censure »

En volant nos Poilus du Front »

Rappelons ici deux faits. D’abord, le Canard ne figura jamais sur la liste des « publications interdites ou dangereuses pour le moral des troupes » établie par le Grand Quartier Général. Son éventuelle absence relève davantage d’une initiative locale de certains officiers que d’une consigne générale. Ensuite, si le Canard eut une large audience auprès des Poilus, ce ne fut pas pour autant un journal des tranchées – tel Le Crapouillot de Jean Galtier-Boissière – étant rédigé à Paris par Maurice Maréchal et Henri-Paul Deyvaux-Gassier, tous deux réformés.

SP