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Les plumes du Canard

Henri Béraud , dit Charles Humbert ou Carlos Umberto

1885 - 1958

Sa participation au Volatile : 1916 à 1919

Henri Béraud 

Eau-forte de Bécan

Le Crapouillot, 1 janvier 1935

Henri Béraud est un romancier et journaliste français, né le 21 septembre 1885 à Lyon et mort le 24 octobre 1958 à Saint-Clément-des-Baleines (île de Ré). Initialement engagé à gauche, il se tourne vers l’extrême droite et l’antisémitisme. Pour ses activités durant l’Occupation, il est condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi à la Libération mais gracié par le général de Gaulle.
Né d’un père boulanger, ardent dreyfusard, élevé par les Frères, Henri Marius Béraud emploie sa juvénile énergie à de nombreuses activités : poète débutant, fondateur de revues éphémères (dont La Houle et L’Ours, à Lyon), représentant en vins et spiritueux, collecteur de beurre, négociant en charbon, antiquaire. Il est élève à l’école de La Martinière de Lyon. Pendant la Première Guerre mondiale, il est lieutenant d’artillerie au 48° régiment, qu’il rejoint dès la mobilisation générale du 3 Août 1914. Les temps morts fréquents entre les campagnes seront pour lui des moments propices à l’écriture. Il traverse des moments de désespoir, correspond avec des amis, et commence à écrire pour des revues et journaux, d’abord lyonnais, puis tente de s’introduire dans la presse parisienne. En 1915, à la faveur d’une permission, il rencontre Elie Bois, rédacteur en chef du Petit Parisien, qui le publiera jusqu’en février 1916, puis le recrutera en septembre 1920, pour une longue collaboration qui s’achèvera en 1933.
Il rencontre Victor Snell en 1916, rédacteur en chef du Canard Enchainé, ce qui débouchera sur la publication de quelques parodies à partir de septembre 1916. Mais Henri Béraud ne rejoint véritablement Le Canard enchaîné qu’en 1917, recommandé par Paul Vaillant-Couturier, avec qui il se lie d’amitié, ainsi qu’avec Roland Dorgelès. Il collabore également à la fin de la guerre au Crapouillot de Jean Galtier-Boissière.
Au Canard Enchaîné, il publie des contes, un court feuilleton (L’angoisse du mercanti ou le compte du tonneau en 1918), une étude sur l’humour lyonnais, et surtout des articles polémiques contre le Parlement, l’Académie française, le gouvernement, les officiers antirépublicains et l’Action française. Après avoir écrit une pièce pour marionnettes « La bataille du Juliénas ou l’arrière-banc » , il  introduit au Canard Enchaîné cette référence au Juliénas, qui passera pour le vin du Canard enchaîné par excellence jusqu’aux années 1960.
Il quitte brutalement le Canard Enchainé en juillet 1919, cédant aux sirènes de son nouveau concurrent Le Merle Blanc, pour une collaboration qui ne durera qu’une année. Il rejoindra alors le Petit Parisien pour une collaboration durable. Devenu en peu de temps une grande plume de la presse parisienne, il devient aussi un écrivain à succès.
Béraud publie Le Martyre de l’obèse pour lequel il reçoit le prix Goncourt en 1922, qui récompense aussi son roman Le Vitriol de Lune, publié l’année précédente. Le 6 février 1924, Le Canard Enchaîné annonce le retour de Béraud dans ses colonnes, pour la semaine suivante. Ce qui n’aura pas lieu, en conséquence directe de sa nomination à Légion d’honneur, incompatible avec l’esprit du Canard Enchainé.
Positionné très à gauche, il écrit Mon ami Robespierre et 14 juillet (1929). Il fait la connaissance lors d’un voyage en Irlande de Joseph Kessel, avec qui il se lie d’amitié et qui lui dédie son roman Mary de Cork, paru en 1925.
En 1925, il visite l’URSS. Loin de la révolution romantique qu’il espérait, il découvre les réalités d’une dictature, vision qu’il présente dans son livre Ce que j’ai vu à Moscou (1925). Ce livre lui vaudra l’inimitié durable des intellectuels communistes. En 1926 paraît Ce que j’ai vu à Berlin, puis en 1929 Ce que j’ai vu à Rome, deux autres reportages politiques qui sont également lucides sur les régimes au pouvoir.
En 1928, Béraud rejoint Kessel au journal Gringoire, dont l’orientation est alors plutôt de droite et anticommuniste. Cependant dès janvier 1934, dans les suites de l’affaire Stavisky, il dérive, comme de nombreux intellectuels de tous bords, vers la xénophobie et l’antisémitisme. Ces opinions le conduisent à la rupture avec Kessel en 1936, lorsqu’au cours d’une discussion animée, il finit par lui concéder un statut de « juif à part ».
Le Canard rompt toute relation avec Henri Béraud lorsqu’il prend parti pour les manifestants du 6 février 1934. Dans Les Raisons d’un silence (1944), l’écrivain explique les raisons de son engagement de 1934 pour lequel il dut « renoncer à bien des joies, rompre de chères amitiés » ; pour l’essentiel, il s’agissait d’en finir au plus vite avec un « régime en pleine crevaison qui annonçait la guerre et le désastre ». Pour Jean Galtier-Boissière, ami de Béraud, celui-ci évolua de l’extrême gauche à l’extrême droite sans nettement s’en rendre compte, en suivant la pente de ses intérêts : il en vint à s’identifier au grand monde dont son talent avait su forcer les portes, comme en témoigne son article du 13 janvier 1937, dans le Canard Enchaîné.
Il participe aussi à L’Œuvre, et il est grand reporter et observateur politique au Journal. Il est le directeur politique officieux et éditorialiste de Gringoire de 1928 à 1943. Il écrit des articles violemment anglophobes, sans éprouver de sympathie particulière pour l’Allemagne nazie. Il signe par contre en 1935 le Manifeste des intellectuels français pour la défense de l’Occident et la paix en Europe rédigé par Henri Massis et justifiant l’agression italienne en Éthiopie.
En 1936, ses articles dans Gringoire jouent un rôle moteur dans la campagne de presse calomnieuse dirigée contre le ministre de l’intérieur du Front populaire, Roger Salengro : accusé à tort de désertion pendant le premier conflit mondial, ce dernier finit par se suicider en novembre de la même année. le Canard Enchaîné ne le lui pardonne pas, et l’affiche à la une de son édition du 25 novembre 1936, sous les plumes de Pierre Bénard et Galtier-Boissière, ainsi que le crayon de Frick.
Il publie deux livres qui figurent sur la Liste Otto publiée en 28 septembre 1940, qui recense les livres interdits par les Nazis pendant l’occupation allemande de la France : Trois ans de colère, Éditions de France ; Vienne, clef du monde, Éditions de France.
Dans Gringoire, il fait profession d’antisémitisme. Il est arrêté en septembre 1944 et jugé en deux jours. On lui reproche notamment son rôle dans le suicide de Roger Salengro. L’amiral Muselier, que Béraud avait traité d’« amiral de bateau-lavoir », demande sa tête. Il est condamné à mort le 29 décembre 1944 pour intelligence avec l’ennemi. Plusieurs écrivains, dont François Mauriac, interviennent en sa faveur. Il est finalement gracié par Charles de Gaulle. Il avait, avant la guerre, écrit un livre violemment orienté contre la Grande-Bretagne (Faut-il réduire l’Angleterre en esclavage ?, 1935) et avait, durant l’occupation allemande, continué de faire de l’anglophobie l’un de ses thèmes de prédilection. Une rumeur prétend que le gouvernement britannique serait intervenu pour demander à de Gaulle la grâce de Béraud, mais aucun élément de première main ne vient cependant étayer cette thèse.
Frappé d’hémiplégie, Béraud est libéré en 1950 et meurt en 1958 dans sa propriété de l’île de Ré. Son épouse Germaine meurt en 1989.

Notes et références

Wikipédia

Bibliographie

Henri Béraud – Le Canard Enchaîné – Écrits 1916-1919 – Du Lérot, Éditeur –

Henri Béraud 

vu par Oberlé

Le Crapouillot, 15 mai 1920

Henri Béraud 

vu par Bécan

Le Crapouillot, 1 septembre 1922

Henri Béraud 

vu par Oberlé

Le Crapouillot, 1 septembre 1922

Henri Béraud 

vu par Goursat

L’Œuvre, 14 décembre 1922

Henri Béraud 

vu par Oberlé

Le Crapouillot, 1 janvier 1923

Henri Béraud 

vu par Bécan

Le Crapouillot, 16 février 1923

Henri Béraud 

vu par Pierre Payen

La Gazette du franc, 10 mars 1928

Henri Béraud 

vu par Soro

La Flèche de Paris, 18 décembre 1937

Henri Béraud 

vu par Gap