Victor Snell (Genève, 9 février 1874 – Paris, 8 février 1931) est un journaliste suisse.
Né en 1874, d’origine genevoise, d’abord avocat, il écrit d’abord dans la Revue Les Hommes du Jour, (1910), puis devient le premier rédacteur en chef du Canard enchaîné de 1916 à 1931. Également journaliste à L’Humanité, il est secrétaire de rédaction de L’Humanité de 1907 à 1912, c’est un ami de Jean Jaurès. Il tient dans ce journal une rubrique littéraire et théâtrale dans les années 1920. Il excellait dans le canular littéraire, et avait deux violons d’Ingres : le piano, et la grammaire. Il tient chaque semaine dans L’Œuvre une chronique humoristique intitulée « La Grammaire en Zig-Zag ». Pendant la Première Guerre mondiale, il ridiculise Maurice Barrès dans un pastiche « Le Jardin de Marrès ». Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 21 août 1925, et reste au Canard enchainé.
Il réclamera régulièrement à Benito Mussolini, décrit comme un tyran de carnaval dans le Canard enchaîné, le montant d’une dette contractée pendant la jeunesse du dictateur. Il avait rencontré Mussolini dans les années 1900 quand celui-ci était encore un militant socialiste pourchassé par la police de son pays. Il prétend avoir prêté un peu d’argent à celui-ci, qui ne lui jamais été rendu. De là vient l’origine de la réponse invariable de l’hebdomadaire à chacune des revendications territoriales de Mussolini : « Et mes dix balles ? »
Voici, assis à la droite du patron, Victor Snell. Appelez le Totor, admirez sa tignasse de poète et sachez qu’il est de Genève comme Rousseau, le lac Léman et de nombreux lecteurs du Canard. Ou comme le fondateur de la Croix-Rouge dont il a la générosité. Avant de quitter la Suisse pour Le Canard, via L’Humanité de Jaurès et L’Œuvre de Gustave Téry, il a spontanément prêté vingt francs à un Italien proscrit et réfugié sur les bords du Lac. Non seulement l’Italien ne le remboursera jamais, mais il commettra d’autres abus de confiance et sera fusillé sous le nom de Benito Mussolini. Le jour où, non content d’avoir gardé l’argent de Snell, ce maroufle exigera Nice et la Savoie, Totor lui fera honte dans L’Œuvre et Le Canard « Commencez par me rendre mes vingt francs, mon vieux ! »
Jean Egen, Messieurs du Canard, p. 70 – ED. Stock