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Les plumes du Canard

Maurice Maréchal , dit Henry de la Ville-d'Avray

1882 - 1942

Sa participation au Volatile : 1915 à 1940

Maurice Maréchal au 38, rue de Bondy  

par Henri Guilac

1921

Maurice Maréchal est un journaliste français, né le 27 août 1882 à Château-Chinon (Nièvre)
Il fait des études secondaires, puis débute très jeune dans le journalisme et collabora avant 1914 à des publications d’extrême-gauche comme la Guerre sociale, le Bonnet rouge.
Il était entré au service des informations générales du Matin, un des cinq grands de la presse parisienne et en avait conçu le dégoût d’une certaine conception de l’information, d’après des témoignages recueillis par Roger Fressoz, ancien directeur du Canard enchaîné.
Réformé pour déficience cardiaque, Maurice Maréchal ne fit pas de service militaire.
A la déclaration de guerre, il resta fidèle à ses idées d’avant 1914, contrairement à Gustave Hervé qu’il admirait et qui avait répudié son antimilitarisme.
C’est pour lutter contre le « bourrage de crâne » et les fausses nouvelles qu’il lança le 4 septembre 1915 le Canard enchaîné avec la collaboration du dessinateur H.-P. Gassier, minoritaire socialiste actif.
Le titre en était inspiré par celui que Clemenceau avait donné à son journal l’Homme libre en le baptisant l’Homme enchaîné.
Ce premier canard, bien accueilli par les poilus du front, ne fut jamais un journal de tranchée comme on l’a parfois écrit.
L’éditorial du premier numéro rédigé par Maréchal et signé « coin ! coin ! coin ! » affirmait que le journal s’engageait à ne publier « aucun article stratégique, diplomatique ou économique », mais seulement « des nouvelles rigoureusement inexactes » en opposition avec les « nouvelles implacablement vraies » publiées par la presse française.
Son pseudonyme : Henry de la Ville-d’Avray.
Cependant cette première feuille mourut après son cinquième numéro.
Bien que réformé, Maurice Maréchal fut mobilisé quelques semaines dans les services auxiliaires du gouvernement militaire de Paris.
Ce ne fut que le 5 juillet 1916 que le Canard renaquit de ses cendres, tel le « phénix », avec un dessin représentant un canard enchaîné dont les ailes étaient menacées par les ciseaux de la censure.
D’après un rapport de police, Maurice Maréchal aurait été, au moment du second lancement du Canard, rédacteur à l’Humanité.
Le journal satirique eut rapidement un tirage suffisant pour échapper aux commandites et sauvegarder son indépendance financière. Après avoir connu des difficultés au début des années trente, le Canard prit un grand essor au moment du Front populaire qu’il soutint, période durant laquelle son tirage dépassa 260 000 exemplaires, avant de se stabiliser autour de 180 000, faisant de lui le plus lu des hebdomadaires de gauche.
Après l’armistice de 1918, Maurice Maréchal n’écrivit qu’à de rares occasions dans le journal (comme par exemple après la mort de P. Vaillant-Couturier qui avait collaboré au Canard des premières années), mais il continua à diriger l’hebdomadaire.
Maurice Maréchal qui n’était pas un homme de parti garda le Canard de toute affiliation partisane.
L’hebdomadaire se situait résolument à gauche, il était pacifiste, anticolonialiste.
Sa verve satirique impitoyable pour les ministères de droite n’épargnait pas les ministères de gauche, comme on put le voir au moment du Cartel des gauches. Cependant, désireux de ne pas avoir d’ennemi à gauche, Maurice Maréchal et son rédacteur en chef Pierre Bénard, évitèrent dans les années trente toute critique trop explicite de l’URSS et du Parti communiste.
Sans défendre des positions pacifistes intégrales, le Canard restait fidèle à ses origines pacifistes ; il fut munichois sans illusions. Il cessa sa publication en juin 1940.
Maurice Maréchal, qui s’était établi en zone non occupée dans le Bourbonnais, mourut en 1942 des suites d’un cancer.
A la Libération, sa veuve Jeanne Maréchal lui succède à la tête de l’hebdomadaire à sa reparution en 1944, avec P. Bénard comme rédacteur en chef, et ouvre le capital du journal à ses salariés, conformément aux volontés de son mari.
Si l’hebdomadaire cessa de se confondre avec la vie de son fondateur, il resta marqué par l’empreinte qu’il lui avait donnée en lançant en 1915 son premier « Canard ».
Source: Le Maitron, notice MARÉCHAL Maurice par Nicole Racine.

Citations

« Il avait cet air correct et net qu’ont parfois les artisans. Costume sobre, chemise irréprochable, un côté savon de Marseille. Il se mettait volontiers en colère, pour la moindre des choses : l’injustice, la vénalité, la corruption, la lâcheté, la sottise. Ses colères ne duraient pas : il était trop intelligent pour les prolonger. Très vite, l’ironie reprenait le dessus et l’on devinait alors que le prochain numéro du Canard serait éblouissant »

Henri Jeanson

 

« C’était un géant, un quintal d’os et de chair,qui découpait la volaille avec autant de dextérité qu’il en mettait à la consommer. Il mangeait comme un ogre et vidait des cruchons tout en donnant ses instructions. Il avait l’air d’un capitaine de reîtres se restaurant après le sac d’un couvent »

Philippe Lamour

« Maurice Maréchal c’était Porthos : même taille, même carrure, même ventre, même moustache qui lui barrait la lèvre. Du mousquetaire, il avait l’appétit, savait trancher une volaille et lever le cruchon, mais il bataillait avec des phrases imprimées, trop discret pour défiler en braillant sous une banderole , trop convenable d’allure avec ses costumes sombres qui l’habillaient en dimanche comme un artisan des faubourgs. Ses amis l’appelaient « le Géant » ou « l’Ogre ». Anarchiste de cœur, de colère et de mots, il donnait des textes rageurs mais anonymes à des feuilles littéraires ou politiques, dont les titres vous giflaient come des slogans : Le Bonnet Rouge, La Guerre sociale »

Patrick Rambaud