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Tardieu et l’outillage du Canard
4 décembre 1929

André Tardieu (1876-1945), surnommé « le mirobolant », fut 3 fois président du Conseil entre 1929 et 1932. En novembre 1929, peu après le krach de Wall Street, il s’écarte de l’orthodoxie budgétaire de Poincaré pour lancer « une politique de la prospérité ». Il s’agit d’élaborer un plan d’outillage national visant à moderniser les infrastructures, les grands équipements éducatifs et sanitaires et le secteur agricole pour stimuler la croissance.

Dans ce numéro 701 du Canard enchaîné, paru le 4 décembre 1929, Jules Rivet (1884-1946), secrétaire de la rédaction, tourne en dérision les aides de l’État promises à la presse par le gouvernement Tardieu : « En se présentant le 7 novembre devant les Chambres, M. Tardieu a fait connaître son intention d’offrir au pays un ensemble de crédits – dont le montant s’élève à plusieurs milliards – destinés à accélérer d’une façon décisive l’équipement de la Nation. Certains d’abonder dans les vues de l’honorable chef du gouvernement, nous avons mis immédiatement sur pied un vaste projet d’agrandissement de nos bureaux et de remise à neuf de notre outillage. Nous avions depuis longtemps, du reste, l’impression que notre modeste mobilier, fauteuils usés, maigre bibliothèque, cave et personnel insuffisants, ne répondait plus aux besoins de notre débordante activité et au minimum de confort que notre million de lecteurs (en chiffres ronds) est en droit d’attendre de nous. Le plan d’ensemble que, nous conformant à l’article 125 bis du projet de loi sur l’outillage national, nous avons remis aux mains de M. Tardieu comporte – avec les sommes en regard – l’énumération complète de nos propositions, article par article. Citons entre autres choses d’extrême urgence le renouvellement de notre seau à rafraîchir et de nos bouteilles de Vouvray, l’achat d’un pardessus pour Pierre Bénard et d’un parapluie à notre ami Whip qui abrite souvent des dames […] Il ne faut pas rigoler avec les crédits de M. Tardieu. »

Tardieu, « l’homme au fume-cigarette entre les dents », a toujours été vilipendé par Le Canard. Déjà, en février 1926, l’hebdomadaire satirique, à l’unisson de la presse de gauche, dénonçait à la fois le négociateur du traité de Versailles, l’affairiste et l’apprenti-dictateur : « Avec Tardieu, c’est un chef qui rentre au Parlement […] Le fascisme a trouvé celui qui lui manquait encore. »

Il succède à Poincaré comme l’homme de droite faisant l’objet du plus grand nombre de caricatures de la part des dessinateurs du Canard avec 13% de l’ensemble des dessins publiés en 1929, 46% en 1930, 11% en 1931 et 32% en 1932.

SP