Les révélations
Au fil de son histoire, le palmipède le plus renommé de la presse française s’est taillé une jolie réputation grâce à son humour grinçant, ses rubriques la mare aux canards, le mur du çon, prise de bec, etc.
et ses révélations, dont quelques unes sont devenues célèbres.
L’affaire Stavisky
1934
L’affaire Stavisky fut l’un des plus grands scandales français du XXe siècle. Il en résulta un séisme politique puis la chute du gouvernement.
Alexandre Stavisky, exerce l’art de la manipulation financière et multiplie les arnaques. Mais une dernière affaire portant sur des « bons d’emprunt » émis par le Crédit municipal de Bayonne précipite sa chute, entraînant avec lui un grand nombre de personnalités du monde politique, de la presse et de la justice..
Le 8 janvier 1934, son cadavre est retrouvé dans un chalet de Chamonix. Les circonstances de sa mort demeurent éminemment troubles : assassinat ou suicide ? Le Canard enchaîné tranchera, avec l’un de ses titres les plus célèbres : « Stavisky se suicide d’un coup de revolver… qui lui a été tiré à bout portant. »
La commode à Foccart
1969
En 1969, pendant le bref passage d’Alain Poher à l’Élysée, une commode qui permettait d’enregistrer les autres pièces du palais fut découverte.
L’affaire fut dévoilée par le Canard enchaîné et connue sous le nom de «commode à Foccart».
Jacques Foccart est nommé en 1958 par Charles de Gaulle au poste de conseiller technique à l’Hôtel Matignon, chargé des affaires africaines.
Il a été souvent considéré comme étant l’instigateur de nombreuses conspirations et coups d’État en Afrique durant les années 1960.
Affaire des plombiers
1973
Le soir du 3 décembre 1973, Escaro, un dessinateur du Canard Enchainé, passe devant les nouveaux locaux de l’hebdomadaire et y aperçoit de la lumière. Sur place, deux « plombiers » en pleins travaux… en train de poser des micros-espions dans les locaux.
Le scandale est énorme ! L’enquête du Canard révèlera très vite l’implication d’agents de la DST, qui tentaient ainsi d’identifier les mystérieux informateurs du journal dont les révélations sur les turpitudes du monde politique ou économiques faisaient trembler la République.
Malgré des preuves irréfutables, la DST nie les faits et le procès donnera raison à l’administration française. L’affaire sera alors surnommée le « Watergaffe ».
Source RTL – Jeudi 10 avril 2014
Les Diamants de Bokassa
1979 / 1981
Le 10 octobre 1979, trois semaines après la chute de Jean-Bedel Bokassa, qui s’était autoproclamé « empereur à vie de Centrafrique » en 1977, le Canard Enchaîné titre : « Quand Giscard empochait les diamants de Bokassa ».
Le Palmipède publie un fac-similé d’une commande de Jean-Bedel Bokassa, révélant que ce dernier a remis en 1973 à Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, une plaquette de diamants de trente carats.
Le Canard enchaîné relance l’affaire un an plus tard, le 16 septembre 1980, en publiant un entretien téléphonique Jean-Bedel Bokassa. Ce dernier affirme « avoir remis à quatre reprises des diamants au couple présidentiel. Vous ne pouvez pas imaginer ce que j’ai remis à cette famille-là », insiste Bokassa.
VGE tente de se défendre, sans grand succès. Deux ans plus tard, il perd l’élection présidentielle face à François Mitterrand.
Source France Inter – Antoine Jeuffin – 3 décembre 2020
Affaire Maurice Papon
1981
Le 6 Mai 1981, la parution d’un article dans « Le Canard enchaîné » va mettre un terme à la carrière politique de Maurice Papon alors ministre du budget de Valéry Giscard d’Estaing
Le Canard enchaîné va dévoiler son passé collaborationniste : en 1942, Maurice Papon est secrétaire général de la préfecture de la Gironde et il signe directement des ordres d’arrestations de juifs.
Le Canard enchaîné publie deux documents signés de la main du ministre pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’article, signé Nicolas Brimo, va faire l’objet d’une bombe entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1981.
Le 8 mars 1983, Maurice Papon est inculpé de crime contre l’humanité. En 1998, il est condamné pour avoir organisé la déportation de Juifs bordelais pendant l’Occupation.
Source France Inter – Antoine Jeuffin – 3 décembre 2020
Les avions renifleurs
1983
La France, en pleine crise pétrolière, est prête à tout pour trouver l’or noir. C’est dans ce contexte que l’entreprise Elf Aquitaine et l’État français se laissent berner par deux escrocs. Fin 1976, Aldo Bonassoli et Alain de Villegas se rendent chez Elf avec une prétendue découverte : un appareil capable de détecter les gisements de pétrole.
Le système repose sur un dispositif embarqué dans un avion. Un simple survol permettrait de localiser les gisements jusqu’à plusieurs milliers de mètres sous terre. Grâce à un essai truqué, l’entreprise Elf se fait duper et Giscard donne son feu vert.
C’est en 1979 que la supercherie est découverte mais seule une partie de l’argent versée est récupérée. L’affaire est enterrée, classée secret-défense.
Le 21 décembre 1983, Le Canard enchaîné révèle au grand public une partie de l’affaire. L’expression des « avions renifleurs » est utilisée pour la première fois par Pierre Péan, journaliste d’investigation.