N° 1769 du Canard Enchaîné – 15 Septembre 1954
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La chasse à Coppi, ou comment l’Italie de 1954 rejoue l’Inquisition
Fausto Coppi n’a pas seulement choqué la morale italienne : il a réveillé les vieux réflexes d’un pays où l’Église, l’État et la presse aiment encore tenir la chandelle autour du lit conjugal. Dans un texte d’une violence splendide, Lebesque démonte l’hypocrisie d’une société qui pardonne tout – mensonge, médiocrité, lâcheté – sauf l’amour. Une leçon de liberté, une dénonciation au vitriol, et l’un des plus grands brûlots du Canard des années 50.
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Quand Lebesque étrille l’Inquisition version 1954
Avec Quand l’Inquisition tient la chandelle, dans Le Canard enchaîné du 15 septembre 1954, Morvan Lebesque signe l’une de ses charges les plus féroces – et les plus justes – contre l’alliance mortifère du cléricalisme, de la politique italienne et d’une morale publique hypocrite. Au centre du texte, un cycliste : Fausto Coppi. Au centre du scandale, une faute : avoir quitté sa femme. Et autour de cela, un déchaînement d’enquêtes, de retraits de passeport, de mesures administratives aussi disproportionnées qu’ignobles. Voilà pour la surface. Lebesque, lui, va chercher plus profond.
Le péché utile, le péché rentable
La vertu affichée n’est pas une vertu : c’est un instrument. Lebesque le rappelle dès l’ouverture : la Démocratie chrétienne italienne, à l’époque toute-puissante, a fait de Coppi un symbole commode. Non pas un symbole moral, mais politique. On l’accuse, non pour protéger le foyer italien, mais pour rappeler qui tient l’ordre social – l’Église et les pouvoirs publics – et qui doit s’y soumettre. Le cycliste, idole nationale, devient l’exemple sacrificiel, le contre-modèle qu’on brûle non plus sur un bûcher, mais dans les journaux, les commissariats, les tribunaux.
L’hypocrisie démontrée
Lebesque démonte avec une précision chirurgicale cette moraline cléricale qui prétend défendre le mariage alors qu’elle tolère tout le reste : le mensonge, la violence, l’infidélité ordinaire, la médiocrité conjugale, l’homme qui s’éteint à quarante ans pour rentrer dans le moule. L’Église, dit-il, n’a plus peur du Mal : elle a peur du sexe. Elle accepte l’homme qui tue ou qui ment, mais déteste l’homme qui aime. « Péché de chair, péché de rien », rappelle-t-il, citant ironiquement les cardinaux. On voit poindre toute la misogynie, toute la fascination pour l’autorité, toute la haine de la liberté individuelle.
Leçon de sociologie avant l’heure
La force du texte vient aussi de ses portraits cruels, mais terriblement vrais, de la vie conjugale des années 1950 : ces mariages d’habitude, sans amour, ces hommes fidèles par résignation, ces existences tournant à vide, ces couples qui se supportent plus qu’ils ne s’aiment. C’est ce conformisme massivement accepté que Lebesque juge bien plus gravement destructeur que la faute d’un homme qui a simplement aimé une autre femme. C’est cette couche de médiocrité – sociale, religieuse, sentimentale – qui lui paraît constituer le vrai scandale.
Un brûlot politique
Mais Lebesque ne se contente pas de l’analyse morale : il accuse frontalement les autorités italiennes d’avoir agi sous pression du Vatican, lequel préfère un peuple soumis à un peuple vivant. Il n’épargne pas non plus les journalistes complices, ni le public qui se repaît de la chute des idoles. Pour lui, l’Italie de 1954 n’a pas seulement condamné Coppi : elle s’est trahie elle-même, elle a confessé sa peur de la liberté. La dernière phrase est l’un des coups les plus durs qu’il ait portés : « L’Inquisition avait jadis plus grande allure. Elle allumait des bûchers. Aujourd’hui, elle tient la chandelle. »
Une modernité brutale
Relu aujourd’hui, l’article frappe par sa modernité : critique du moralisme punitif, de la surveillance sociale du couple, de la confusion entretenue entre foi et ordre public, dénonciation du contrôle du corps et du désir. Lebesque n’a jamais été aussi actuel. Il voit que la liberté intime est le dernier bastion d’une société adulte ; il voit aussi que les pouvoirs aiment s’en emparer. Son texte n’est pas seulement une défense du cycliste Coppi. C’est un manifeste pour le droit de vivre, d’aimer et de se tromper hors du regard inquisitorial.
Mendès France démasqué ! Vous aviez bien caché votre jeu, Monsieur le président du Conseil ! par Jean-Paul Lacroix
Mendès France fait distribuer des verres de lait dans les écoles, et suit le même régime, beaucoup trop incongru pour le personnel du Canard, qui a juré fidélité à vie au Julienas...





