N° 1882 du Canard Enchaîné – 14 Novembre 1956
39,00 €
Dans cet article intitulé « À quoi sert Machiavel ?« publié dans Le Canard enchaîné du 14 novembre 1956, Morvan Lebesque interroge avec une ironie mordante les mécanismes du pouvoir et de la politique, en s’appuyant sur les événements contemporains, notamment la crise de Suez et la répression hongroise par l’Union soviétique.
Dès les premières lignes, l’auteur peint une fresque apocalyptique, une « toile de Jérôme Bosch » où les nations s’affrontent dans une cacophonie morale et politique. La figure du « monstre bicéphale » qu’il décrit représente à la fois la guerre et la justification des actes par une dialectique hypocrite où chaque camp se proclame en état de défense légitime.
Lebesque met en lumière un dilemme éternel : comment rester humain et raisonnable dans un monde où les puissants manient force et ruse pour atteindre leurs objectifs ? Ce dilemme trouve une résonance particulière dans le contexte des années 1950, où les événements de Suez et de Budapest offrent des exemples éclatants des dérives du machiavélisme. Il critique sévèrement l’attitude des grandes puissances, notamment dans leur gestion de la crise de Suez, où, sous prétexte d’agir pour « l’Occident et l’Islam », la France et l’Angleterre ont en réalité aggravé les tensions internationales.
L’auteur ne manque pas de souligner la contradiction morale à laquelle se heurtent les États qui, pour maintenir un système politique ou économique, imposent la tyrannie. Dans le cas de la Hongrie, il s’élève contre l’Union soviétique qui, en novembre 1956, écrase l’espoir d’une nation cherchant à trouver sa propre voie, en choisissant les tanks plutôt que le dialogue. Cette décision, selon Lebesque, représente un aveu d’échec idéologique et moral pour le communisme.
Au-delà des faits, l’article s’articule autour d’une question philosophique : l’efficacité de la force et de la ruse justifie-t-elle leur usage ? La réponse de Lebesque est sans équivoque : « À rien. Strictement à rien. Sinon à nous détruire. » Par cette affirmation, il condamne le recours systématique aux stratégies machiavéliques qui, loin d’assurer la stabilité ou la justice, précipitent les nations dans un cycle sans fin de violence et de trahison.
En somme, Lebesque appelle à un sursaut éthique, à une politique fondée sur la morale plutôt que sur l’opportunisme. Cet article s’inscrit dans une tradition intellectuelle qui refuse le cynisme et plaide pour une humanité libérée des jeux de pouvoir destructeurs. En pleine Guerre froide, une telle prise de position souligne la singularité du Canard enchaîné, qui se veut un contrepoids aux discours officiels et un observateur acéré des contradictions de son époque.
Si vous désirez voir le détail d'une pochette, merci de cliquer sur un des liens:
En stock
Conservation
Nos Exemplaires du Canard Enchaîné sont archivés dans de bonnes conditions de conservation (obscurité, hygrométrie maitrisée et faible température), ce qui s'avère indispensable pour des journaux anciens.
Lumière
Obscurité complète. Les UV agissent sur la lignine du papier et opèrent un jaunissement, souvent visible sur des journaux pliés et empilés, ne voyant la lumière du jour que sur la tranche...Le jaunissement s'accentue avec le temps et rend le papier cassant (casse de la fibre de cellulose) et fragilisé au bout de quelques années.
Hygrométrie
le taux est compris entre 45 et 65 %. Un taux trop bas entraîne un dessèchement du papier, ce qui le raidit et le rend cassant. A l'inverse, un taux trop élevé peut favoriser l'apparition de traces de moisissures.
Faible température
la température idéale pour la conservation de vieux papiers est comprise entre 16 et 20°C. Une température trop élevée peut aussi assécher le papier et le rendre cassant jusqu'à l'émiettement et accélérer les processus chimiques de dégradation du papier. Une température trop faible favorise l'augmentation du taux d'hygrométrie.
Stockage
Dans certaines circonstances, les collections de journaux non reliés présentent un fort risque de dégradation. Conservés en liasses, parfois ficelées, les fascicules sont en effet particulièrement sensibles aux contraintes mécaniques (tassement, pliures). Par ailleurs, le pliage en 4 est à proscrire : le papier est fortement fragilisé à la jonction des deux plis, formant après quelques années un trou, au milieu de chaque page. A fortiori, les pliages en 6 ou en 12 (longtemps utilisés pour les expéditions) génèrent d'importants dégâts sur le papier, dans le temps.
La pliure centrale des fascicules, déjà présente lors de leur diffusion et de leur vente, constitue souvent une zone de dégradation accélérée du support : on y observe un jaunissement précoce du papier, signe d’une acidité et d’une fragilité importante. Le maintien de cette pliure ne fait qu’accentuer le processus de dégradation, et se traduit par des risques élevés de déchirures à la manipulation.
Tous nos numéros sont stockés à plat et pliés seulement en 2 (le pli est horizontal). Certains numéros, parmi les plus anciens, sont archivés pleine page dépliée.
Les numéros d'avant-guerre, plus rares et donc proposés en quantités limitées, présentent souvent une usure, une fragilité plus importante. Les traces du temps, telles que jaunissement lié à l'insolation ou simplement la lumière, rousseurs, traces d'humidité, plis marqués, cassures du papier fréquemment dans les coins ou le long des plis, se sont plus ou moins installés sur ces publications dont le papier approche le siècle d'âge.
Ces numéros les plus anciens (de l'origine aux années 30), ont pu faire l'objet de restaurations, en fonction des besoins et dans les règles de l’art : réparations de déchirures, petits trous, renforcement des marges et des plis centraux au moyen de papier type Filmoplast, sans acide, reprise des faux plis au fer chaud.
Hormis les numéros d'avant-guerre, devenant relativement rares, les autres numéros sont écartés de notre stock dès lors qu'ils présentent ces défauts impossibles à corriger, comme des pliures marquées, jaunies ou cassantes, notamment en verticalité du journal.
Les photos des Unes présentées sur le site correspondent à celles des exemplaires originaux proposés à la vente, ou celle d'exemplaires de qualité de conservation équivalente. Elles sont prises en lumière naturelle, sans filtres, les teintes visibles à l'écran pouvant ne pas refléter parfaitement celles du papier.
L’évolution du format* du Journal
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages** -
De 1944 au 17 mars 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages** -
Du 24 mars 1948 au 28 oct. 1964 : 38 X 58 cm - 4 pages, puis 6 pages à partir de 1957 -
Du 4 nov. 1964 au 10 février 1988 : 38 X 60 cm - 8 pages -
Du 17 février 1988 à 2005 : 36 X 58 cm - 8 pages -
*hors numéros spéciaux
** Quatre éditions sur 2 pages (en 1939,1940 & 1945), problèmes d'approvisionnement en papier, restrictions, censure,...