N° 1906 du Canard Enchaîné – 30 Avril 1957
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« Le Farrebouc émissaire » par André Ribaud – Le Canard Enchaîné, 30 avril 1957
Dans « Le Farrebouc émissaire », André Ribaud décortique avec son ironie habituelle la manière dont les critiques envers le ministre des Finances Paul Ramadier prennent des allures de lynchage orchestré. Sur fond de tensions économiques et de guerre d’Algérie, cet article illustre les manœuvres de diversion politique dans un contexte de crise.
Ribaud commence par pointer la « grande presse patriotique » qui, à coups de colonnes dithyrambiques, encense les figures politiques comme Guy Mollet, Bourgès-Maunoury ou Robert Lacoste, mais n’hésite pas à désigner Ramadier comme le seul responsable de l’assèchement des caisses publiques. Le terme de « Farrebouc émissaire » donne le ton : Ramadier est, pour la presse et certains cercles politiques, le bouc émissaire idéal.
L’article souligne que Ramadier aurait eu l’audace de proposer une mesure élémentaire, mais politiquement impopulaire : augmenter les impôts pour équilibrer les finances. Ribaud s’amuse à railler cette idée « aberrante », dans une période où la guerre d’Algérie engloutit les ressources financières de la France. Il met en évidence l’hypocrisie de ceux qui exaltent les efforts patriotiques tout en refusant de reconnaître leur coût économique.
En parallèle, l’auteur égratigne des figures comme André Stilbio et leurs discours pompeux sur le « devoir national » des ministres, qui consistent essentiellement à cautionner des dépenses militaires tout en ignorant les impératifs budgétaires. Il oppose ce verbiage au rôle concret de Ramadier, accusé de porter seul le fardeau des décisions impopulaires.
La conclusion de Ribaud, incisive, rappelle que cette charge injuste contre Ramadier masque les véritables enjeux : les sacrifices demandés à la jeunesse française, contrainte à des obligations militaires interminables, et le gouffre financier causé par la guerre. Sous cette plume acérée, le ministre des Finances apparaît moins comme un coupable que comme une victime des mécanismes politiques de l’époque.
Contexte historique
Au printemps 1957, la guerre d’Algérie domine les débats politiques et pèse lourdement sur l’économie française. La quatrième République est fragilisée par des divisions internes, exacerbées par le coût humain et financier du conflit. Paul Ramadier, en tant que ministre des Finances, devient un symbole de cette crise, surtout lorsqu’il propose des mesures fiscales impopulaires pour redresser les comptes publics.
L’ironie mordante de Ribaud reflète le climat de défiance généralisée envers la classe politique. Cet article illustre à la fois l’injustice des boucs émissaires désignés et l’incapacité collective à faire face aux défis structurels. Sous le vernis de la satire, Le Canard Enchaîné propose ici une critique pertinente de l’aveuglement politique de l’époque.
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L’évolution du format* du Journal
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages** -
De 1944 au 17 mars 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages** -
Du 24 mars 1948 au 28 oct. 1964 : 38 X 58 cm - 4 pages, puis 6 pages à partir de 1957 -
Du 4 nov. 1964 au 10 février 1988 : 38 X 60 cm - 8 pages -
Du 17 février 1988 à 2005 : 36 X 58 cm - 8 pages -
*hors numéros spéciaux
** Quatre éditions sur 2 pages (en 1939,1940 & 1945), problèmes d'approvisionnement en papier, restrictions, censure,...