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N° 840 du Canard Enchaîné – 3 Août 1932

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Les élections hitlériennes ont eu lieu sur un rythme extrêmement hitlérien

3 août 1932 : Jules Rivet, envoyé spécial du Canard enchaîné, raconte avec un humour noir glaçant les élections allemandes qui portent Hitler au sommet. Sous le titre « Les élections hitlériennes ont eu lieu sur un rythme extrêmement hitlérien », il dépeint une Allemagne en marche cadencée vers la folie. Le rire du Canard sonne comme un signal d’alarme.

Ben voyons !…, par Pedro

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3 août 1932 : Hitler entre au Reichstag, et Jules Rivet en démonte la folie “extrêmement hitlérienne”

À la une du Canard enchaîné du 3 août 1932, l’article signé Jules Rivet sous le titre « Les élections hitlériennes ont eu lieu sur un rythme extrêmement hitlérien » frappe comme un éclat de lucidité au cœur de l’été. Alors que la presse française évoque encore l’Allemagne avec des formules diplomatiques, le Canard opte pour l’ironie tranchante : à travers un récit grotesque et glaçant, il dénonce la barbarie qui monte. Sous la forme d’un reportage fictif, Rivet dresse le portrait d’un pays déjà hypnotisé par le nazisme – et d’une Europe qui, elle, ne veut pas le voir.

L’article s’ouvre sur un ton à la fois moqueur et inquiet : « Les élections qui viennent d’avoir lieu en Allemagne présentent deux caractéristiques : d’abord le succès du parti hitlérien, ensuite l’insuccès du parti “indépendant”. » La répétition ironique du mot “indépendant” — six fois en quelques lignes — dit tout de la vacuité du paysage politique allemand après la crise de Weimar. En quelques mois, Hitler a transformé la misère en discipline, la colère en culte. Rivet feint de féliciter “la marche à l’urne”, qui aurait été « d’une exactitude remarquable » : les électeurs, décrits comme un régiment en manœuvre, votent “au pas de l’oie”, s’arrêtent “impassiblement”, crient “Hoch !” — et s’en vont. Le ton est comique, mais la mécanique décrite, celle d’un vote par réflexe, annonce la servitude de masse.

Ce qui frappe, c’est la manière dont Rivet déconstruit la violence ordinaire du nazisme sans jamais quitter le registre du rire. Il rapporte, faussement placide, “les incidents significatifs” du lendemain du scrutin : des nazis exaltés qui, ne trouvant pas d’adversaire politique à battre, “rouent de coups un adversaire imaginaire, trouvé dans un lit vide”, avant d’“honorer héroïquement” la mission. Plus loin, un milicien en chemise brune “aperçoit un drapeau à la fenêtre, salue pendant six heures, jusqu’à ce que le drapeau soit retiré : ce n’était pas un drapeau nazi, mais un jupon.” Ce comique de l’absurde, où le fanatisme vire à la pantomime, révèle la dimension hallucinée du totalitarisme naissant. Sous les rires, la peur.

Rivet, comme le Canard tout entier, perçoit dès 1932 ce que tant d’autres journaux refusent encore de nommer : la fascisation du peuple allemand. Il note avec une fausse bienveillance “l’excellente impression” produite par le fait que “les nazis se contentent désormais de revolvers au lieu de brûler les maisons communistes”. L’ironie noire atteint ici un sommet : la normalisation de la violence est tournée en ridicule, mais elle est déjà un fait. À travers cet humour au vitriol, le journaliste annonce, sans le savoir, la banalité du mal.

Historiquement, ces élections du 31 juillet 1932 marquent un tournant. Le NSDAP obtient 37,4 % des voix et devient le premier parti du Reichstag. Le régime de Weimar, miné par la crise économique, la misère ouvrière et la défiance envers la démocratie parlementaire, chancelle. Hitler n’est pas encore chancelier – il le deviendra en janvier 1933 – mais il détient désormais la force politique de l’imposer. Dans ce contexte, la légèreté de Rivet est un acte de résistance : il rit non pour minimiser, mais pour désacraliser le monstre. En ridiculisant les nazis, il brise le charme hypnotique qu’ils exercent sur leurs partisans comme sur leurs adversaires effrayés.

L’article est aussi une satire de la presse “bien-pensante”, française ou allemande, que Rivet pastiche lorsqu’il conclut : “Cette modération a produit partout une excellente impression.” Le Canard vise les éditorialistes complaisants, ceux qui, à Paris, cherchent dans Hitler un rempart contre le bolchevisme ou une “énergie nouvelle” pour l’Allemagne. En dénonçant l’aveuglement des élites, Rivet inscrit son humour dans une logique profondément politique : le rire comme alarme.

Sous la farce, une morale : le fascisme n’arrive pas d’un coup de tonnerre, il s’installe dans le quotidien, sous la forme du grotesque discipliné. Les “chemises brunes” deviennent, chez Rivet, des pantins automates, agités de salutations absurdes et de slogans répétés jusqu’à la démence. Derrière la drôlerie, on devine la stupeur. En cet été 1932, l’Allemagne défile vers le gouffre – et le Canard enchaîné est l’un des rares à oser en rire sans détourner le regard.