N° 1026 du Canard Enchaîné – 26 Février 1936
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Les réhabilitations nécessaires – M. Jacques Doriot – par Pierre Bénard.
Dans les années 1930, Le Canard enchaîné s’employa à combattre tous les mouvements, les hommes, les idées qui lui semblaient menacer directement la République: les royalistes de l’Action française, les faux républicains des Croix de Feu puis du Parti social français, les émules de Charles Maurras et de Léon Daudet ainsi que les journaux de droite à grand tirage, proches de tous ces mouvements, tels que Candide, Gringoire et Je suis partout.
Il prit aussi pour cible Jacques Doriot (1898 – 1945), considéré comme le continuateur du colonel de la Rocque. Doriot avait en plus ceci de particulièrement déplaisant pour Le Canard qu’il avait renié ses convictions communistes (il fut chef des Jeunesses communistes en 1923, député, membre du comité central du PCF, maire de saint-Denis en 1931, avant son exclusion en 1934) pour embrasser la cause la plus réactionnaire. Ses journalistes dénoncèrent cette trahison.
Avant même que Doriot fonde le Parti populaire français (PPF), d’inspiration fasciste et anti-communiste, le 28 juin 1936, Pierre Bénard, le rédacteur en chef du Canard enchaîné, avait déjà pressenti qu’il était en train de mal tourner. Ainsi, dans le numéro 1026 du 26 février 1936, il écrit: « On s’était fait du souci bien à tort à cause de M. Jacques Doriot. Ce garçon-là, avec des idées, où va-t-il aller ? A cette époque, long, mince, armé de lunettes d’écaille, le ton froid et le verbe tranchant, il était l’image même, attirante, du révolutionnaire moderne qui a abandonné le romantisme des vieilles formules. M. Jacques Doriot n’a pas voulu décevoir d’aussi beaux espoirs. Il a compris, plus tôt même que M. Pierre Laval, qu’il était temps de se ranger. Finie la vie de garçon. Nous sommes à une époque difficile où on n’a plus le loisir de flâner et de rester toute son existence un vieil étudiant […] M. Jacques Doriot, lui aussi, à son tour, a jeté sa gourme. Maintenant, il discute gravement avec M. Pierre Taittinger et le chanoine Polimann de la Famille et de la Société. C’est la vie. Bien sûr, il y a des gars qui ont cru aux boniments de M. Jacques Doriot, qui n’ont pas compris que c’était façon de parler et exercice de style […] M. Jacques Doriot a un bel avenir devant lui. Il est intelligent et ambitieux. On ne se fait pas une situation dans le monde en prolongeant un béguin de jeunesse. »
L’avenir de Doriot, ce fut la collaboration radicale avec l’Allemagne nazie, la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) – il partit combattre sur le front de l’Est sous uniforme allemand avec grade de lieutenant – et la mort dans une voiture mitraillée par des avions en maraude.
Prophétique, Bénard conclut son article ainsi: « Ce Jacques, quel type tout de même ! Oui, quel type ! Pauvre type ! »
SP
Boycottage Nécessaire – Jean Galtier-Boissière exprime sa profonde indignation envers la presse d’extrême droite, notamment le journal Candide, pour sa minimisation et justification des violences politiques, et appelle à un boycott des entreprises soutenant de telles idéologies.
Galtier-Boissière rappelle l’émotion suscitée par l’assassinat du président Paul Doumer en 1932 par un Russe blanc, comparant cette réaction à celle provoquée par la tentative d’assassinat de Léon Blum, un leader du Front populaire, sur le boulevard Saint-Germain. Il critique vivement la presse d’extrême droite qui, selon lui, tente de minimiser cet incident en le présentant comme un simple accident ou une rixe d’étudiants.
Le journal Candide, dirigé par les Fayard père et fils, est sévèrement critiqué pour son rôle dans la banalisation de la violence. L’auteur rappelle un précédent article de Candide qui avait méprisé les anciens combattants républicains, suscitant une forte réaction négative. Galtier-Boissière note que Candide continue sur cette voie en commentant l’attaque contre Blum d’une manière qui suggère que l’agression aurait dû être plus meurtrière, une position que l’auteur qualifie d’ignoble et hypocrite.
L’auteur appelle à un boycott des entreprises dont les profits soutiennent les mouvements d’extrême droite, en particulier celles appartenant aux Fayard. Il souligne que Candide, sous couvert de publication littéraire, diffuse insidieusement des idées violentes et extrémistes. Galtier-Boissière soutient que le boycott est une réponse légitime pour les consommateurs qui ne veulent pas financer indirectement des groupes prônant la violence et la haine.
Galtier-Boissière mentionne que dans certaines villes, la simple révélation des affiliations politiques des commerçants à des ligues paramilitaires d’extrême droite a suffi à réduire de moitié leur chiffre d’affaires. Il propose que cette approche soit étendue à la librairie, suggérant que les lecteurs cessent d’acheter des livres et publications provenant de sources soutenant les idéologies violentes et réactionnaires.
L’article de Jean Galtier-Boissière est un appel passionné à la vigilance et à l’action contre la banalisation de la violence politique par la presse d’extrême droite. En exposant les tactiques sournoises de journaux comme Candide et en proposant un boycott des entreprises qui soutiennent de telles idéologies, il encourage les lecteurs à utiliser leur pouvoir de consommation pour défendre leurs valeurs républicaines et démocratiques.
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Nos Exemplaires du Canard Enchaîné sont archivés dans de bonnes conditions de conservation (obscurité, hygrométrie maitrisée et faible température), ce qui s'avère indispensable pour des journaux anciens.
Lumière : obscurité complète. Les UV agissent sur la lignine du papier et opèrent un jaunissement, souvent visible sur des journaux pliés et empilés, ne voyant la lumière du jour que sur la tranche...Le jaunissement s'accentue avec le temps et rend le papier cassant (casse de la fibre de cellulose) et fragilisé au bout de quelques années.
Hygrométrie : le taux est compris entre 45 et 65 %. Un taux trop bas entraîne un dessèchement du papier, ce qui le raidit et le rend cassant. A l'inverse, un taux trop élevé peut favoriser l'apparition de traces de moisissures.
Faible température : la température idéale pour la conservation de vieux papiers est comprise entre 16 et 20°C. Une température trop élevée peut aussi assécher le papier et le rendre cassant jusqu'à l'émiettement et accélérer les processus chimiques de dégradation du papier. Une température trop faible favorise l'augmentation du taux d'hygrométrie.
Tous les numéros sont stockés à plat et pliés seulement en 2 (le pli est horizontal). Le pliage en 4 est à proscrire : le papier est fortement fragilisé à la jonction des deux plis, formant après quelques années un trou, au milieu de chaque page...). A fortiori, les pliages en 6 ou en 12 (longtemps utilisé pour les expéditions) génèrent d'importants dégâts sur le papier, dans le temps.
Certains numéros parmi les plus anciens sont archivés pleine page dépliée. La pliure centrale des fascicules, déjà présente lors de leur diffusion et de leur vente, constitue souvent une zone de dégradation accélérée du support : on y observe un jaunissement précoce du papier, signe d’une acidité et d’une fragilité importante. Le maintien de cette pliure ne fait qu’accentuer le processus de dégradation, et se traduit par des risques élevés de déchirures à la manipulation.
Les photos des Unes présentées sur le site correspondent à celles des exemplaires originaux proposés à la vente, ou celle d'exemplaires de qualité de conservation équivalente. Elles sont prises en lumière naturelle, sans filtres, les teintes visibles à l'écran pouvant ne pas refléter parfaitement celles du papier.
Les numéros d'avant-guerre, plus rares et donc proposés en quantités limitées, présentent souvent une usure, une fragilité plus importante. Les traces du temps, telles que jaunissement lié à l'insolation ou simplement la lumière, rousseurs, traces d'humidité, plis marqués, cassures du papier fréquemment dans les coins ou le long des plis, se sont plus ou moins installés sur ces publications dont le papier approche le siècle d'âge.
Les collections de journaux non reliés présentent un fort risque de dégradation. Conservés en liasses, parfois ficelées, les fascicules sont en effet particulièrement sensibles aux contraintes mécaniques (tassement, pliures). Hormis les numéros d'avant-guerre, devenant relativement rares, les autres numéros sont écartés de notre stock dès lors qu'ils présentent ces défauts impossibles à corriger, comme des pliures marquées, jaunies ou cassantes, notamment en verticalité du journal.
Les numéros les plus anciens (de l'origine aux années 30), ont pu faire l'objet de restaurations, en fonction des besoins et dans les règles de l’art : réparations de déchirures, petits trous, renforcement des marges et des plis centraux au moyen de papier type Filmoplast, sans acide, reprise des faux plis au fer chaud.
L’évolution du format du Journal dans l’histoire :
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages -
De 1944 à 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages -
Quelques très rares numéros sur 2 pages entre 1939 et 1945, impactés par la censure.
Le Canard ne retrouve son format d'avant-guerre qu'en 1948 :
De 1948 à 1957 : 38 X 60 cm - 4 pages* -
De 1957 à 1966 : 38 X 60 cm - 6 pages* -
De 1966 à 1987 : 38 X 60 cm - 8 pages* -
De 1988 à 2004 : 36 X 58 cm - 8 pages* -
*hors numéros spéciaux