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Les crayons du Canard

Lucien Laforge

1889 - 1952

Sa participation au Volatile : 1916 à 1919

Lucien Laforge dans l'exercice de ses fonctions 

par H-P Gassier

Canard Enchaîné du 15 novembre 1916

 

Lucien Laforge est né le 10 juillet 1889 à Paris dans une famille d’artistes, son père étant violoniste et sa mère peintre miniaturiste. Hésitant durant l’adolescence entre la musique et le dessin, il choisit finalement ce dernier domaine. Il s’inscrit à l’académie Humbert, où il critique rapidement l’académisme et le style pompier. Il débute comme dessinateur de presse dès 1910, collaborant à des journaux de divertissement tels que Pages Folles et Tout-Paris, mais accorde sa préférence à la presse militante, dans laquelle il peut exprimer ses idées libertaires et pacifistes. Il dessine ainsi pour Les Hommes du Jour à partir de 1910, puis Le Journal du Peuple (1917-1918), L’Humanité, Clarté, Le Libertaire, et notamment Le Canard Enchaîné, dès ses débuts en 1916.
Pacifiste viscéral et profondément antimilitariste, Laforge se fait réformer deux fois pendant la Première Guerre mondiale en simulant la folie, en 1915 puis en 1917. C’est dans cette période qu’il produit ses œuvres les plus marquantes, dénonçant avec une ironie féroce l’absurdité du conflit dans Le Film 1914, publié en 1922.
Parallèlement, Laforge travaille intensément comme illustrateur. Son style, caractérisé par un trait gras, fortement cerné et stylisé, se détache nettement des conventions académiques. Il renouvelle profondément l’art d’illustration de contes, notamment ceux de Perrault, des Mille et une nuits (1912) ou d’Ogier le Danois (1913). Ses illustrations s’inspirent librement de l’Art Nouveau et témoignent d’un sens aigu de la fantaisie et de la sensualité.
Artiste peintre moins reconnu, exposant aux salons des Indépendants et des Humoristes, primé au Salon de l’Araignée en 1920, Laforge reste toutefois fidèle à ses principes : refusant toute concession commerciale ou artistique, il vit dans une certaine pauvreté. Grand amateur de cirque, il aime également représenter clowns et scènes populaires dans ses toiles. Également décorateur, il interrompt totalement sa production artistique durant la Seconde Guerre mondiale.
Victime d’une attaque cérébrale en 1945, il réduit fortement ses activités artistiques et décède le 21 janvier 1952 à Paris. Toute sa vie durant, Laforge aura illustré avec verve des auteurs aussi divers que Rabelais, Baudelaire ou Gustave Coquiot, demeurant fidèle à ses idées pacifistes et libertaires, « n’aimant que la vie et la liberté ». Son engagement passionné pour les causes perdues et sa constante défense de la liberté artistique lui valent aujourd’hui encore une reconnaissance particulière.
Révolté et vociférateur, Laforge est le Léon Bloy des mécréants, mais un Bloy qui, n’ayant de sa vie tendu la main, jamais ne s’est exposé au grief d’ingratitude. Un front puissant, une carrure d’athlète, aux lèvres, un bon sourire de bourreau chinois, avec, parfois, en fond de teint, un soupçon de tendresse, Laforge est un monstre sacré. Peintre, compositeur, auteur — “Interviews posthumes”, son pamphlet, est un monument — dessinateur, surtout, il est en avance, sur son temps, d’un bon demi-siècle. Certains de ses dessins du Canard Enchaîné parus voilà 40 ans, surprennent par l’aspect quasiment visionnaire. Un grand bonhomme aux indignations homériques, aux trouvailles percutantes d’invectives propres à stigmatiser le médiocre ou l’incongru de nos âges rebutants. Henri Monier, le Canard Enchainé du 12 février 58

Lucien Laforge 

vu par Pol Ferjac

Canard Enchainé du 30 mai 1956