Roland Henri Honoré Moisan, dit Moisan, né à Reims le 26 novembre 1907 et décédé à Paris le 28 février 1987, est un dessinateur et journaliste français.
Il passe sa jeunesse à Asnières-lès-Bourges et va au lycée Henri-Brisson à Vierzon.
Il entre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 1927. Au retour du service militaire dans l’aviation à Agadir, en 1931, il dessine pour une revue médicale. En 1934 il collabore au Merle blanc, concurrent du Canard enchaîné fondé par Eugène Merle.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il est caricaturiste à l’Œuvre de Marcel Déat et au journal Le Rouge et le Bleu, aux côtés de Paul Rassinier qui se fera connaître bien après la guerre pour son attachement aux thèses négationnistes.
Après la guerre, il dessine dans différentes revues satiriques et politiques et notamment dans Le Parisien libéré où il contribue à la série Zoé, Carrefour du Groupe Amaury ; il finit par entrer grâce à Morvan Lebesque en 1956 au Canard enchaîné où il réalise de nombreux dessins jusqu’à sa disparition et où il est connu pour ses dessins illustrant La Cour d’André Ribaud.
La dernière rétrospective de son œuvre dessiné s’est tenue à Paris aux Archives nationales sous le titre : « Que dit le volatile ? », et célébrait le centenaire de sa naissance ainsi que les 20 ans de sa disparition. Une exposition intitulée « La Guerre barbaresque », consacrée aux caricatures de Moisan durant la guerre d’Algérie, s’est tenue aux archives départementales du Cher en 2022.
Source: Wikipédia
(…) Moisan, l’artiste, est fasciné par le grotesque. Il le trouve dans le monde politique. Ses études terminées, il essaie très honnêtement de peindre des bords de Seine, des assiettes de pruneaux, des demoiselles sortant du bain. Mais sa main revient instinctivement aux formes burlesques et aux visages grimaçants. Alors, il se décide à devenir Moisan. Il le devient d’abord au Merle blanc. Il persévère à Carrefour et au Parisien libéré. Un jour qu’il expose à Nice des dessins qu’il a faits sous l’Occupation, Treno entre dans ‘la galerie et découvre ce qui se fait de plus féroce en caricature. Il est immédiatement séduit.
La IVe République agonise. On sent déjà bouger le fœtus de la Ve. Les « mecs » qui veulent prendre le pouvoir et ceux qui ne veulent pas le lâcher se dévorent entre eux. Le Canard décrit le carnage. Plairait-il à Moisan de peindre, chaque semaine, l’affreux « mélange d’os et de chair meurtris » ?
Moisan répond que ce sera un plaisir pour lui et vient s’installer rue des Petits-Pères. Nous sommes en 1956. C’est une date dans l’histoire du Canard. Ça va même compter dans l’histoire de France. Deux ans plus tard, en effet, la main de Moisan s’abat sur de Gaulle.
Jamais ses aïeux n’ont forgé enclume aussi mahous. Tous les vendredis, il met le général à chauffer. Tous les lundis il le sort du four et le martèle avec entrain pour le transformer en César, en poilu, en coq, en sous-marin, en Dieu, en diable, en cow-boy, en hippy, en C.R.S., en chef de gare, en homme-sandwich, en Notre-Dame de Fatima. Et naturellement en Roi-Soleil, Il ne met pas moins de cœur à marteler sa cour et sa basse-cour. Comme on dit d’un personnage ou d’un destin grandiose qu’ils sont shakespeariens, on dira de la Ve République et de son roi qu’ils furent moisanesques.(…)
Source: Messieurs du Canard, p. 259-260, par Jean Egen – Stock –