N° 1542 du Canard Enchaîné – 10 Mai 1950
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L’éditorial de R. Tréno, intitulé « Le cinéma français est mort…M.R.P. à ses cendres ! Ces messieurs de la famille… », du Canard Enchaîné du 10 mai 1950, est une critique acerbe de la censure cinématographique en France à l’époque, en particulier suite aux nouvelles mesures prises par Pierre-Henri Teitgen, alors ministre de l’Information et membre du M.R.P. (Mouvement Républicain Populaire). Le gros titre « M. Teitgen est pour le cinéma Cauchon » est un jeu de mots satirique, typique du Canard Enchaîné, qui s’en prend ici au ministre Pierre-Henri Teitgen et à ses réformes censées moraliser le cinéma français. Ce titre fait référence à Pierre Cauchon, l’évêque qui a présidé le procès de Jeanne d’Arc, célèbre pour son rôle dans sa condamnation au bûcher.
Le début des années 1950 en France est marqué par un renforcement des politiques conservatrices concernant la moralité publique, particulièrement dans le domaine culturel, y compris le cinéma. Le gouvernement, sous l’influence du M.R.P., parti chrétien-démocrate, voit la montée de mouvements conservateurs et de censures strictes visant à contrôler les contenus jugés moralement dangereux ou dégradants pour le public.
Le cinéma, considéré comme un art puissant et populaire, devient une cible majeure de ces mesures. Le M.R.P., à travers des figures comme Pierre-Henri Teitgen, impose de nouvelles règles censurant tout ce qui pourrait être perçu comme indécent ou allant à l’encontre des valeurs familiales traditionnelles, souvent dictées par l’Église. Ces actions suscitent la colère de la gauche, des cinéastes, des intellectuels et des observateurs plus progressistes, qui y voient une tentative de cléricalisme déguisé.
R. Tréno critique avec ironie cette censure accrue, en se moquant ouvertement du M.R.P. et des nouveaux gardiens de la moralité, qualifiés de « Messieurs de la famille ». Le titre lui-même évoque la montée des figures conservatrices, issues de ce parti politique et qui semblent prendre la place de gardiens du bon goût et de la moralité publique.
L’éditorial souligne la transformation du cinéma français sous la coupe des associations familiales et religieuses, présentées comme ayant un pouvoir démesuré sur les œuvres artistiques. Tréno évoque la nomination d’un représentant des « associations familiales » à la Commission de censure, qu’il dépeint comme une tentative déguisée d’instaurer un ordre moral réactionnaire. Pierre-Henri Teitgen, ministre de l’Information, est représenté sous les traits d’un conservateur rigide. Tréno se moque de son apparence physique et de ses actions politiques, le caricaturant en « pape » du cinéma, imposant des standards moraux stricts inspirés de l’Église et des valeurs conservatrices.
L’éditorial dénonce également l’emprise de figures religieuses comme l’archevêque de Paris, qui influencent la Commission de censure. Les films jugés non conformes aux valeurs chrétiennes ou familiales sont condamnés, et Tréno cite plusieurs exemples d’œuvres déjà censurées ou menacées, telles que *Les Visiteurs du Soir* et *La Bête Humaine*. Tréno utilise l’ironie pour dénoncer l’hypocrisie de la censure. Il mentionne sarcastiquement des « révérends » et des curés qui siégeraient au sein de la Commission, en soulignant à quel point cette moralisation du cinéma est excessive et absurde. L’image de Teitgen, comparé à un pape régissant le cinéma, renforce la caricature de ces nouvelles mesures comme étant autoritaires et dogmatiques.
L’auteur conclut en disant que si les États-Unis ont leur « tsar du cinéma » (en référence au code Hays et à la censure américaine), la France n’est pas en reste avec ses nouveaux censeurs tout-puissants, symbolisés par Teitgen et ses alliés religieux. Cet article reflète la critique du Canard Enchaîné contre les tentatives du gouvernement d’encadrer la création artistique, en particulier dans le domaine du cinéma, en utilisant la censure au nom des valeurs familiales. La montée du conservatisme et de la moralité rigide est présentée comme une menace pour la liberté d’expression et la diversité culturelle, avec un ton mordant et plein d’ironie typique de l’écriture de Tréno.
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L’évolution du format du Journal dans l’histoire :
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages -
De 1944 à 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages -
Quelques très rares numéros sur 2 pages entre 1939 et 1945, impactés par la censure.
Le Canard ne retrouve son format d'avant-guerre qu'en 1948 :
De 1948 à 1957 : 38 X 60 cm - 4 pages* -
De 1957 à 1966 : 38 X 60 cm - 6 pages* -
De 1966 à 1987 : 38 X 60 cm - 8 pages* -
De 1988 à 2004 : 36 X 58 cm - 8 pages* -
*hors numéros spéciaux