N° 1667 du Canard Enchaîné – 1 Octobre 1952
39,00 €
L’article « Bouscule pas le paysage !« signé par Morvan Lebesque dans Le Canard enchaîné du 1er octobre 1952 est une charge virulente contre les critiques adressées à Le Corbusier et sa célèbre « Cité radieuse ». Cette construction, emblématique de l’architecture moderne, suscite à l’époque des débats enflammés sur son impact esthétique et social, notamment à Marseille où elle s’élève comme un manifeste de modernité dans un paysage urbain conservateur.
Dès l’introduction, Lebesque ironise sur une « Association de Protection des Sites » qui, sous prétexte de préserver le paysage marseillais, réclame des dommages et intérêts à Le Corbusier. L’auteur tourne en ridicule les « crocodiles des Arts et Lettres », ces élites culturelles promptes à défendre un passé idéalisé tout en ignorant les drames bien réels des familles vivant dans des taudis. Pour Lebesque, les priorités sont claires : il vaut mieux loger des milliers de sans-abri que de pleurnicher sur un horizon d’arbres obstrué.
Morvan Lebesque élargit ensuite son propos en s’en prenant aux architectes traditionnels et à leur incapacité à répondre aux défis contemporains. Selon lui, depuis la Troisième République, la France construit des « buffets Henri II » et des « maisonnettes autour ». Une critique mordante s’adresse aux pavillons familiaux standards, tels les « Villa Mon Plaisir » et autres clichés bourgeois, qui incarnent une culture de la médiocrité et de l’étroitesse. En revanche, Le Corbusier, bien qu’iconoclaste, cherche à résoudre un problème fondamental : le logement pour tous.
Lebesque donne un visage humain à son argumentaire en racontant les histoires poignantes de familles vivant dans des taudis ou des hôtels insalubres. Il dépeint un jeune couple, trop pauvre pour s’offrir un logement digne, et une famille nombreuse où la promiscuité expose les enfants à des situations humiliantes. Ces anecdotes renforcent son plaidoyer pour des solutions pratiques et urgentes, telles que celles proposées par Le Corbusier, plutôt que pour une conservation figée du patrimoine.
L’auteur fustige les défenseurs d’un patrimoine historique qu’il juge mortifère. « On redoublera Versailles ! On repeindra les Invalides ! », s’exclame-t-il, dénonçant une obsession pour le passé au détriment des vivants. Restaurer des monuments ou embellir les sites historiques ne résout rien, affirme-t-il. La priorité, selon lui, devrait être donnée à l’avenir : loger les familles, construire des écoles, et relever les défis posés par les ravages de la guerre et la misère.
Lebesque propose de « fermer les gueules » aux esthètes et aux « rats d’hôtel » qui méprisent la « Cité radieuse » tout en restant aveugles à la détresse humaine. Il suggère que ces mêmes critiques devraient eux-mêmes essayer de survivre dans les conditions qu’ils ignorent avec tant d’insouciance. En bref, il appelle à un changement de priorités : plutôt que de célébrer les fantômes de Louis XIV ou de restaurer des cathédrales, il faut construire pour les vivants.
Cet article incarne parfaitement le style engagé et provocateur de Morvan Lebesque. Avec un mélange de colère et d’ironie, il dénonce l’hypocrisie des défenseurs de l’esthétique traditionnelle et exhorte à un pragmatisme urgent face aux défis sociaux. Ce texte reflète aussi les tensions de l’après-guerre, où modernité et conservation s’opposaient dans une France en pleine reconstruction.
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Lumière : obscurité complète. Les UV agissent sur la lignine du papier et opèrent un jaunissement, souvent visible sur des journaux pliés et empilés, ne voyant la lumière du jour que sur la tranche...Le jaunissement s'accentue avec le temps et rend le papier cassant (casse de la fibre de cellulose) et fragilisé au bout de quelques années.
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Tous les numéros sont stockés à plat et pliés seulement en 2 (le pli est horizontal). Le pliage en 4 est à proscrire : le papier est fortement fragilisé à la jonction des deux plis, formant après quelques années un trou, au milieu de chaque page...). A fortiori, les pliages en 6 ou en 12 (longtemps utilisé pour les expéditions) génèrent d'importants dégâts sur le papier, dans le temps.
Certains numéros parmi les plus anciens sont archivés pleine page dépliée. La pliure centrale des fascicules, déjà présente lors de leur diffusion et de leur vente, constitue souvent une zone de dégradation accélérée du support : on y observe un jaunissement précoce du papier, signe d’une acidité et d’une fragilité importante. Le maintien de cette pliure ne fait qu’accentuer le processus de dégradation, et se traduit par des risques élevés de déchirures à la manipulation.
Les photos des Unes présentées sur le site correspondent à celles des exemplaires originaux proposés à la vente, ou celle d'exemplaires de qualité de conservation équivalente. Elles sont prises en lumière naturelle, sans filtres, les teintes visibles à l'écran pouvant ne pas refléter parfaitement celles du papier.
Les numéros d'avant-guerre, plus rares et donc proposés en quantités limitées, présentent souvent une usure, une fragilité plus importante. Les traces du temps, telles que jaunissement lié à l'insolation ou simplement la lumière, rousseurs, traces d'humidité, plis marqués, cassures du papier fréquemment dans les coins ou le long des plis, se sont plus ou moins installés sur ces publications dont le papier approche le siècle d'âge.
Les collections de journaux non reliés présentent un fort risque de dégradation. Conservés en liasses, parfois ficelées, les fascicules sont en effet particulièrement sensibles aux contraintes mécaniques (tassement, pliures). Hormis les numéros d'avant-guerre, devenant relativement rares, les autres numéros sont écartés de notre stock dès lors qu'ils présentent ces défauts impossibles à corriger, comme des pliures marquées, jaunies ou cassantes, notamment en verticalité du journal.
Les numéros les plus anciens (de l'origine aux années 30), ont pu faire l'objet de restaurations, en fonction des besoins et dans les règles de l’art : réparations de déchirures, petits trous, renforcement des marges et des plis centraux au moyen de papier type Filmoplast, sans acide, reprise des faux plis au fer chaud.
L’évolution du format du Journal dans l’histoire :
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages -
De 1944 à 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages -
Quelques très rares numéros sur 2 pages entre 1939 et 1945, impactés par la censure.
Le Canard ne retrouve son format d'avant-guerre qu'en 1948 :
De 1948 à 1957 : 38 X 60 cm - 4 pages* -
De 1957 à 1966 : 38 X 60 cm - 6 pages* -
De 1966 à 1987 : 38 X 60 cm - 8 pages* -
De 1988 à 2004 : 36 X 58 cm - 8 pages* -
*hors numéros spéciaux