N° 1671 du Canard Enchaîné – 29 Octobre 1952
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L’article intitulé « Ce qui importe dit le clown c’est la dignité ! », écrit par Maria Craipeau et publié dans Le Canard Enchaîné le 29 octobre 1952, prend pour sujet principal la figure de Charlie Chaplin à la veille de la première parisienne de son film Limelight (Les Feux de la Rampe). Craipeau s’attache à souligner l’impact de cette œuvre et la persistance du génie artistique de Chaplin malgré les attaques et controverses dont il est victime aux États-Unis.
Craipeau décrit le film comme profondément sentimental, un trait commun à la plupart des œuvres de Chaplin. Limelight est présenté comme une méditation sur la vie et l’art, s’appuyant sur des clichés et des émotions qui trouvent toujours une résonance universelle. À travers l’histoire de Calvero, un clown déchu qui tente de sauver une jeune danseuse, le film explore les thèmes de la déchéance, de l’amour et de la résilience. Craipeau insiste sur le mélange d’humour et de tragédie, avec une scène remarquable où Chaplin, dans un geste absurde, tient deux poissons et les manipule de manière comique. Elle souligne aussi le rôle central du duo entre Chaplin et Buster Keaton, un des moments forts du film.
Chaplin, en exil auto-imposé après les attaques féroces des autorités et médias américains, devient une figure symbolique de la lutte contre le conformisme. Craipeau évoque les accusations portées contre lui : son supposé anti-américanisme, son mode de vie jugé non conforme, et son refus de se plier à la norme politique et sociale des États-Unis. Elle fustige la manière dont les « petites gens » de Hollywood et les organes de presse américains se réjouissent des difficultés administratives et personnelles de Chaplin. Il est représenté comme un « non-conformiste millionnaire », une figure qui dérange à la fois par son succès et par son indépendance.
L’article se conclut sur un hommage vibrant à la dignité de Chaplin, autant dans sa vie que dans son art. Craipeau défend l’intégrité artistique et humaine de l’acteur-réalisateur face à la « meute » qui le pourchasse, le désignant comme un symbole de résistance. Le clown, autrefois célébré pour sa légèreté, devient ici un martyr moderne, incarnant la liberté et la dignité dans un monde de plus en plus intolérant.
Cet article, en mélangeant critique cinématographique et commentaire politique, est un témoignage poignant de l’admiration du Canard Enchaîné pour Chaplin, un homme de son temps qui, malgré les controverses, continue d’illuminer la scène internationale par son talent et son humanité.
L’article intitulé « Le temps des lâches », écrit par Morvan Lebesque et publié dans Le Canard Enchaîné du 29 octobre 1952, revient avec gravité sur le meurtre tragique de la famille Drummond à Lurs, en Provence (affaire Dominici). Lebesque, dans un style incisif et mélancolique, utilise ce drame comme une métaphore pour dénoncer la lâcheté généralisée qu’il perçoit dans la société française d’après-guerre.
Lebesque commence par fustiger l’attitude des témoins qui, bien qu’ayant vu l’assassin et les scènes d’horreur, choisissent de se taire et de détourner les yeux. Pour lui, ce silence n’est pas neutre : il constitue une forme de complicité avec le crime. Les témoins de Lurs, en ne parlant pas, deviennent des symboles de cette « fuite morale » qui semble contaminer toute une époque. Il critique l’absence de courage moral qui pousse les témoins à préserver leur tranquillité personnelle plutôt qu’à chercher justice.
En citant un aphorisme local — « Qui rien ne sait, rien ne dit » —, Lebesque illustre cette mentalité qui privilégie l’inaction, voire l’indifférence, devant l’injustice. Ce silence, bien que jugé « respectable » par certains, n’est pour Lebesque qu’un autre nom de la lâcheté. Les « Silencieux », comme il les appelle ironiquement, se cachent derrière des rationalisations pour éviter toute prise de risque, mais leur passivité devient une condamnation morale dans le regard du journaliste.
Au-delà de l’affaire de Lurs, Lebesque élargit sa critique à la société française dans son ensemble. Il dénonce le « grand silence de Lurs » comme l’écho d’un silence plus vaste, celui de tous les Français qui ferment leurs volets face aux crimes et aux injustices. Il s’attaque à une époque où les vertus de prudence et de respectabilité sont devenues des alibis pour l’inaction et la complaisance. Pour lui, la société moderne fabrique des « lâches vertueux » : des individus qui se conforment à la loi mais manquent du courage des saints et des héros.
En conclusion, Lebesque appelle à briser ce mur de silence et à affronter les injustices, même au prix de la tranquillité personnelle. Il compare ce silence à une trahison envers les idéaux de vérité et de justice qui devraient guider une société saine. Avec une rhétorique puissante, il invite chacun à se demander : « Que vaut-il contre le mur abject de notre Tranquillité ? »
À travers cet article, Morvan Lebesque livre une réflexion profonde et sombre sur la responsabilité individuelle et collective. Il transforme un fait divers tragique en une critique implacable de l’apathie morale. Plus qu’un témoignage sur une affaire criminelle, « Le temps des lâches » est un plaidoyer pour le courage et la vérité dans une société en quête de sens.
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De 1948 à 1957 : 38 X 60 cm - 4 pages* -
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De 1966 à 1987 : 38 X 60 cm - 8 pages* -
De 1988 à 2004 : 36 X 58 cm - 8 pages* -
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