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N° 1726 du Canard Enchaîné – 18 Novembre 1953

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Des « réserves » pour les touristes pauvres, par Morvan Lebesque.

En novembre 1953, Morvan Lebesque démonte avec une férocité jubilatoire le discours du député Max Brusset, qui voudrait réserver certains lieux aux touristes étrangers et canaliser les ouvriers en congés vers des zones « appropriées ». Dans une France encore marquée par les grèves de l’été et la reconstruction d’après-guerre, Lebesque pose une question toujours brûlante : la France est-elle encore à ceux qui la travaillent, ou seulement à ceux qui la photographient ? Une charge implacable contre le snobisme social… et un plaidoyer pour les congés payés.

faussement numéroté 1753

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le « patriotisme touristique » passé au scalpel de Lebesque

Dans cet article du Canard enchaîné du 18 novembre 1953, Morvan Lebesque s’attaque à l’une des hypocrisies sociales les plus profondément ancrées dans la France de l’après-guerre : la manière dont on traite les travailleurs lorsqu’ils deviennent vacanciers. Au-delà de l’ironie cinglante, ce texte s’inscrit dans un moment très particulier : la France de 1953, secouée par les grèves d’août, par la crise politique permanente de la IVᵉ République, et déjà par les prémices d’un tourisme de masse que l’on voudrait à la fois encourager… et contrôler.

Tourisme, classes sociales et « bonne tenue » des plages

Ce que Lebesque démonte avec une précision chirurgicale, c’est un discours qui ressurgit régulièrement dans les années 1950 : celui d’une élite persuadée que les congés payés, acquis depuis 1936, auraient ouvert les portes des plages, des campings et des hôtels à une population supposément indésirable, trop bruyante, trop visible, trop pauvre pour « représenter la France » face aux touristes étrangers qui, eux, rapportent des devises.

Max Brusset, député et maire de Royan, n’est que le prétexte. Lebesque ne règle pas seulement le compte d’un homme : il dénonce une idéologie. Celle qui voudrait réserver certaines zones aux touristes étrangers fortunés, et canaliser les ouvriers en congés vers des espaces dédiés, en marge, loin des regards―le mot même de « réserves » dit toute l’ironie du procédé.

En 1953, Royan est encore en pleine reconstruction après les bombardements alliés de 1945. Le tourisme est vital pour son économie, mais Lebesque rappelle une vérité fondamentale : cette reconquête ne peut se faire au prix d’un mépris des classes populaires.

L’ombre des congés payés

Sous son ton enjoué, l’article révèle une inquiétude réelle : la France, en intégrant le tourisme dans son économie d’après-guerre, risque de trahir l’esprit des congés payés, ce moment où les travailleurs prennent place dans l’espace public autrement que comme producteur de richesse.

La tension est claire :
– d’un côté, une vision commerciale du pays, vitrine destinée au touriste étranger ;
– de l’autre, une vision sociale, où les citoyens ont droit au même paysage, au même soleil, à la même mer que ceux qui paient en dollars.

Lebesque, fidèle à son style, refuse d’enrober la critique. Il moque les « messieurs-très-bien » qui veulent rééduquer les vacanciers français pour qu’ils se tiennent tranquilles devant les regards de Sa Majesté le Touriste Étranger. Il montre aussi la limite de ce raisonnement : à force de farder la France pour trois mois d’été, on finit par mépriser ceux qui la font vivre douze mois sur douze.

Une charge politique et morale

L’article met en lumière une ligne de fracture essentielle de la Quatrième République : qui a droit à la France ? Quel usage social fait-on de l’espace public ? Qui décide du « bon goût » touristique et du comportement acceptable ?

Lebesque, qui connaît la Bretagne laborieuse autant que les illusions parisiennes, pose la question sans détour :
la France appartient-elle encore aux Français lorsqu’ils deviennent des congés-payés ?

Et sa conclusion, faussement badine, renverse le raisonnement de Brusset : puisqu’on semble vouloir créer des « réserves » touristiques, qu’on les crée donc pour les plus riches, afin de laisser aux travailleurs la France entière―celle qu’ils bâtissent, nettoient, reconstruisent et financent.

C’est le génie de Lebesque : transformer une polémique estivale en critique profonde du rapport entre classes sociales, nation et tourisme. Et en pleine guerre d’Indochine, en pleine tension politique, ce rappel d’égalité républicaine sonne comme un rappel de principe… mais aussi comme une alerte.


 

L'affaire des piastres - Mossadegh - de Gaulle -