N° 1848 du Canard Enchaîné – 21 Mars 1956
39,00 €
V’la le printemps ! marque la première contribution régulière de Roland Bacri au Canard –
« Une drôle de guerre », paru dans Le Canard Enchaîné du 21 mars 1956. R. Tréno s’attaque ici à la spirale infernale de la guerre d’Algérie, dénonçant l’absurdité d’un conflit où la disproportion des moyens employés par la France pour « pacifier » le territoire choque autant que leur inefficacité. Dès les premières lignes, l’auteur relève l’incohérence d’envoyer une armée moderne et mobilisée contre « quelques milliers de hors-la-loi ». Le titre, Une drôle de guerre, emprunte une formule déjà utilisée pour décrire l’attente et l’ambiguïté de la Seconde Guerre mondiale, mais cette fois, il vise l’absurdité d’une conquête coloniale tournée contre son propre peuple.
Tréno insiste sur le décalage historique. Si, il y a 130 ans, la France conquérait des terres, aujourd’hui, elle tente désespérément de « conquérir un peuple », un objectif qu’il juge bien plus complexe et douteux. Il ironise sur les déclarations de la presse (citant L’Aurore et Le Figaro), qui relayent la nécessité d’un déploiement militaire massif, suggérant ainsi une impasse stratégique.
L’auteur fustige également la gestion de la situation, s’en prenant à l’inefficacité des « bureaux d’action psychologique » censés jouer un rôle crucial dans ce contexte. À travers des anecdotes piquantes, comme celle d’un lieutenant français humilié par un vieil Algérien ou celle d’un gendarme maladroit dans un café, Tréno met en lumière le mépris et l’arrogance des autorités françaises. Ces petites scènes, aussi absurdes qu’instructives, reflètent l’échec d’un véritable dialogue entre les deux communautés.
Enfin, l’article s’achève sur une note poignante. R. Tréno rapporte les paroles de lecteurs, notamment un étudiant en médecine, qui dénoncent l’engrenage de la haine, alimenté par les massacres de part et d’autre. L’auteur, tout en soulignant les responsabilités du FLN et les atrocités commises, condamne avec force la logique de guerre totale. « C’est la Méditerranée ! » conclut-il, en évoquant le fossé infranchissable qui semble séparer les deux peuples.
Cet article témoigne une fois de plus du courage du Canard Enchaîné, qui, à contre-courant de nombreuses publications de l’époque, s’efforce de dénoncer les horreurs du conflit algérien avec une plume à la fois incisive et humaine. R. Tréno, par son ironie mordante et ses récits précis, invite à une réflexion urgente sur les échecs politiques et militaires d’une guerre dont l’issue tragique semble déjà écrite.
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Conservation
Nos Exemplaires du Canard Enchaîné sont archivés dans de bonnes conditions de conservation (obscurité, hygrométrie maitrisée et faible température), ce qui s'avère indispensable pour des journaux anciens.
Lumière
Obscurité complète. Les UV agissent sur la lignine du papier et opèrent un jaunissement, souvent visible sur des journaux pliés et empilés, ne voyant la lumière du jour que sur la tranche...Le jaunissement s'accentue avec le temps et rend le papier cassant (casse de la fibre de cellulose) et fragilisé au bout de quelques années.
Hygrométrie
le taux est compris entre 45 et 65 %. Un taux trop bas entraîne un dessèchement du papier, ce qui le raidit et le rend cassant. A l'inverse, un taux trop élevé peut favoriser l'apparition de traces de moisissures.
Faible température
la température idéale pour la conservation de vieux papiers est comprise entre 16 et 20°C. Une température trop élevée peut aussi assécher le papier et le rendre cassant jusqu'à l'émiettement et accélérer les processus chimiques de dégradation du papier. Une température trop faible favorise l'augmentation du taux d'hygrométrie.
Stockage
Dans certaines circonstances, les collections de journaux non reliés présentent un fort risque de dégradation. Conservés en liasses, parfois ficelées, les fascicules sont en effet particulièrement sensibles aux contraintes mécaniques (tassement, pliures). Par ailleurs, le pliage en 4 est à proscrire : le papier est fortement fragilisé à la jonction des deux plis, formant après quelques années un trou, au milieu de chaque page. A fortiori, les pliages en 6 ou en 12 (longtemps utilisés pour les expéditions) génèrent d'importants dégâts sur le papier, dans le temps.
La pliure centrale des fascicules, déjà présente lors de leur diffusion et de leur vente, constitue souvent une zone de dégradation accélérée du support : on y observe un jaunissement précoce du papier, signe d’une acidité et d’une fragilité importante. Le maintien de cette pliure ne fait qu’accentuer le processus de dégradation, et se traduit par des risques élevés de déchirures à la manipulation.
Tous nos numéros sont stockés à plat et pliés seulement en 2 (le pli est horizontal). Certains numéros, parmi les plus anciens, sont archivés pleine page dépliée.
Les numéros d'avant-guerre, plus rares et donc proposés en quantités limitées, présentent souvent une usure, une fragilité plus importante. Les traces du temps, telles que jaunissement lié à l'insolation ou simplement la lumière, rousseurs, traces d'humidité, plis marqués, cassures du papier fréquemment dans les coins ou le long des plis, se sont plus ou moins installés sur ces publications dont le papier approche le siècle d'âge.
Ces numéros les plus anciens (de l'origine aux années 30), ont pu faire l'objet de restaurations, en fonction des besoins et dans les règles de l’art : réparations de déchirures, petits trous, renforcement des marges et des plis centraux au moyen de papier type Filmoplast, sans acide, reprise des faux plis au fer chaud.
Hormis les numéros d'avant-guerre, devenant relativement rares, les autres numéros sont écartés de notre stock dès lors qu'ils présentent ces défauts impossibles à corriger, comme des pliures marquées, jaunies ou cassantes, notamment en verticalité du journal.
Les photos des Unes présentées sur le site correspondent à celles des exemplaires originaux proposés à la vente, ou celle d'exemplaires de qualité de conservation équivalente. Elles sont prises en lumière naturelle, sans filtres, les teintes visibles à l'écran pouvant ne pas refléter parfaitement celles du papier.
L’évolution du format* du Journal
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages** -
De 1944 au 17 mars 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages** -
Du 24 mars 1948 au 28 oct. 1964 : 38 X 58 cm - 4 pages, puis 6 pages à partir de 1957 -
Du 4 nov. 1964 au 10 février 1988 : 38 X 60 cm - 8 pages -
Du 17 février 1988 à 2005 : 36 X 58 cm - 8 pages -
*hors numéros spéciaux
** Quatre éditions sur 2 pages (en 1939,1940 & 1945), problèmes d'approvisionnement en papier, restrictions, censure,...