N° 19 du Canard Enchaîné – 8 Novembre 1916
79,00 €
L’article « Pourquoi je ne puis pas partir… Intéressantes déclarations de M. Deibler« , signé LE FOLLICULAIRE DE BELLEVUE et publié dans « Le Canard enchaîné » le 8 novembre 1916, présente une interview avec M. Deibler, surnommé « Monsieur de Paris », un bourreau célèbre de l’époque. L’article est rédigé avec une ironie mordante, soulignant la banalité et la routine de la vie d’un bourreau en temps de guerre.
La scène se déroule dans un petit café d’Auteuil, où un journaliste, envoyé spécial, parvient à rencontrer et interviewer M. Deibler. L’interview est rendue possible grâce à un ami commun, ce qui montre que M. Deibler est devenu plus accessible qu’auparavant. Il n’a plus le « tranchant » d’antan et semble maintenant préoccupé et fatigué, portant des lunettes et négligeant sa toilette. La guerre semble avoir profondément changé son état d’esprit.
Pendant l’entretien, M. Deibler exprime sa mélancolie et son sentiment d’inutilité. Malgré la guerre en cours, il se sent mis à l’écart, incapable de contribuer comme ses collègues, qui ont trouvé des emplois utiles dans des ateliers ou des usines. Il évoque avec amertume son incapacité à exercer son métier de bourreau, devenu superflu en temps de guerre, car les exécutions publiques ont été largement suspendues.
M. Deibler se décrit comme un « cimetière abhorré de la lune », une image poétique et sombre qui reflète sa morosité. Il se considère comme inutile et non essentiel, alors que ses amis ont trouvé des moyens de se rendre utiles. Cette situation le pousse à se demander quel est son rôle et sa valeur dans un monde en conflit.
Un des aspects les plus poignants de l’interview est l’évocation de « la Veuve », terme argotique pour désigner la guillotine. M. Deibler insiste sur le fait qu’il doit rester pour la protéger, car personne d’autre ne s’en occuperait s’il partait. Il exprime son attachement à cet instrument de mort, métaphoriquement décrit comme ayant des besoins et des exigences qu’il doit satisfaire. Ce passage ironique souligne la déshumanisation de son rôle et la dépendance absurde à une machine de mort.
L’interview se termine sur une note sombre, avec M. Deibler affirmant qu’il ne peut pas abandonner « la Veuve », de peur qu’elle soit laissée à l’abandon ou maltraitée. Cette déclaration, bien qu’ironique, révèle une profonde tristesse et un sentiment de responsabilité perverti, montrant à quel point son identité est liée à son rôle de bourreau.
En somme, cet article utilise l’ironie et l’humour noir pour explorer les contradictions et les absurdités de la vie d’un bourreau en temps de guerre. M. Deibler, autrefois craint et respecté, se trouve maintenant dans une position de vulnérabilité et de désespoir, cherchant un sens à son existence alors que le monde autour de lui est en proie au chaos.
Flatterie, dessin de Lucien Laforge – L’héroïque mercanti, dessin de Depaquit.
ancienne trace d’humidité visible sur l’image et présente sur les 4 pages
Si vous désirez voir le détail d'une pochette, merci de cliquer sur un des liens:
En stock