N° 528 du Canard Enchaîné – 11 Août 1926
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Théorie du fascisme – Article de Georges-Armand Masson, publié dans Le Canard enchaîné le 11 août 1926
Dans cet article satirique et acerbe, Georges-Armand Masson décortique avec une ironie cinglante la montée des régimes dictatoriaux et fascistes en Europe au début du XXe siècle. Tout en maniant l’humour et la dérision, il critique les mécanismes politiques et sociaux qui permettent à un dictateur de s’imposer, en mettant en lumière l’absurdité de certaines justifications données à ces régimes.
Le dictateur : un héros de pacotille
Masson commence par poser une question simple mais percutante : qu’est-ce qu’un dictateur ? Selon lui, c’est souvent un individu surgissant à un moment où une société est dans l’embarras. Par opportunisme ou calcul, ce personnage s’arroge tous les pouvoirs sous prétexte de « restaurer l’ordre » ou de « protéger les valeurs nationales ». Il s’amuse à présenter ces leaders comme des figures mythologiques autoproclamées, mais qui, dans leur essence, ne sont que des manipulateurs en quête de gloire personnelle.
Une leçon d’histoire (et de dérision)
L’auteur fait remonter les origines du fascisme à une multitude de figures historiques, qu’il associe à des tyrans et conquérants de toutes époques : Jules César, Napoléon Bonaparte, Attila, ou encore Denys le Tyran. Cette galerie de personnages, souvent traitée avec un ton moqueur, souligne que le fascisme n’est en réalité qu’une répétition de l’histoire sous des atours modernisés.
Masson introduit également la figure biblique de Josué, un leader qui, selon lui, aurait été l’un des premiers « dictateurs » de l’histoire. Avec un ton provocateur, il compare ses actions, notamment la destruction des murailles de Jéricho, à une stratégie de propagande moderne : manipuler l’opinion publique et mobiliser les moyens pour imposer son autorité.
Les deux piliers du fascisme
Georges-Armand Masson résume ensuite avec humour les « principes » essentiels du fascisme moderne :
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S’emparer du soleil et de la lune : Une métaphore pour dénoncer le contrôle total de l’État sur tous les aspects de la vie publique, jusqu’à l’imaginaire collectif.
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Faire tomber les murailles de Jéricho : Une allégorie pour illustrer la manière dont le dictateur détruit toute résistance (qu’elle soit physique ou morale) à l’aide de propagande et de répression.
Un humour cinglant et visionnaire
L’article est ponctué de remarques caustiques sur des figures contemporaines comme Mussolini, à qui il accorde une attention toute particulière. Masson se moque de ses prétentions et de son style théâtral, tout en pointant l’aveuglement des populations qui lui permettent de prospérer. Avec un trait féroce, il décrit le fascisme non comme une idéologie mais comme une farce tragique, où la tyrannie se déguise en patriotisme.
Une leçon intemporelle
Par ce texte, Masson livre une critique mordante des dérives politiques de son époque, mais aussi une réflexion universelle sur la tentation autoritaire. Avec une plume trempée dans l’ironie, il déconstruit les mythes autour des régimes fascistes et démontre leur absurdité, tout en incitant ses contemporains à ne pas céder à leur fascination.
Ce texte, malgré son ancienneté, reste d’une actualité brûlante dans son message : il nous invite à examiner les mécanismes qui permettent à des régimes autoritaires de prospérer, souvent sous couvert de « grandeur nationale ». Une démonstration magistrale de satire politique dans la plus pure tradition du Canard enchaîné.
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L’évolution du format du Journal dans l’histoire :
De 1916 à 1921 : 31 X 43 cm - 4 pages -
De 1921 à 1940 : 37 X 54 cm - 4 pages -
De 1944 à 1948 : 30 X 43 cm - 4 pages -
Quelques très rares numéros sur 2 pages entre 1939 et 1945, impactés par la censure.
Le Canard ne retrouve son format d'avant-guerre qu'en 1948 :
De 1948 à 1957 : 38 X 60 cm - 4 pages* -
De 1957 à 1966 : 38 X 60 cm - 6 pages* -
De 1966 à 1987 : 38 X 60 cm - 8 pages* -
De 1988 à 2004 : 36 X 58 cm - 8 pages* -
*hors numéros spéciaux