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N° 844 du Canard Enchaîné – 31 Août 1932

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Nos athlètes olympiques reviennent triomphalement d’Amérique

31 août 1932 : dans Le Canard enchaîné, la “victoire” française aux Jeux de Los Angeles vire à la farce. Athlètes triomphants, budgets “scrupuleusement dépensés”, excuses patriotiques et discours de Claudel : tout y passe. Sous la plume acérée du Canard, le chauvinisme sportif devient le reflet d’une France en crise, qui confond fierté nationale et autosatisfaction.

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31 août 1932 : les athlètes français rentrent “triomphalement” — satire des fiascos olympiques et du patriotisme à bon compte

Sous le titre « Nos athlètes olympiques reviennent triomphalement d’Amérique », le Canard enchaîné du 31 août 1932 signe l’une de ses chroniques sportives les plus féroces de l’entre-deux-guerres. En apparence, un simple reportage sur le retour des sportifs français des Jeux de Los Angeles. En réalité, une charge en règle contre le chauvinisme, l’incompétence administrative et la comédie des budgets publics. Derrière la plume anonyme du « correspondant spécial », le journal dresse un portrait au vitriol de la France officielle — celle qui couvre ses défaites d’or patriotique et ses gaspillages d’un vernis moral.

Une “traversée triomphale” pleine de trous

Le texte s’ouvre sur le ton pseudo-officiel des dépêches d’agence : « Les 3 millions de la Princesse ont été scrupuleusement dépensés. » Allusion directe au comité de soutien financier de la princesse de Polignac, mécène des Jeux français. Mais la formule, sous la plume du Canard, sonne comme une gifle : ce qui est “scrupuleusement dépensé”, ce n’est pas l’argent de la nation au service du sport, mais un symbole de la gabegie républicaine maquillée en vertu.

La scène se déroule à bord du paquebot Champlain, au retour des Jeux. Le journaliste feint d’avoir “pris des notes” au milieu de la “gaieté” de la délégation. Il dépeint des athlètes insouciants, bavards, vantards, obsédés par leurs pipes, leurs casquettes et les choux du menu. Ce feu roulant de plaisanteries est censé prouver que “le moral est bon”. Mais tout est renversé : le Canard montre une équipe abattue, qui compense la défaite par la fanfaronnade.

« Abattue, l’équipe ? Il faut voir ça sur le pont ! », ironise le journaliste avant d’enchaîner les bons mots creux, comme un chroniqueur de salon. Les dialogues – « Une pipe ? Ça ne vous rappelle pas celles qu’on a prises à Los Angeles ? » – tournent à la farce. L’article mime à la perfection le style du reportage sportif conformiste pour mieux le vider de sa substance. Sous la forme d’un compte rendu anodin, c’est un enterrement de première classe du patriotisme sportif.

La satire du chauvinisme d’État

La deuxième partie du texte, sous le sous-titre « Les explications qui s’imposent », frappe plus fort encore. Le rédacteur raille la manie nationale de tout justifier : si la France n’a pas brillé à Los Angeles, c’est bien sûr « la faute des arbitres », des « Germano-Judéo-Américains » et des terrains « défavorables ». L’allusion aux “Juifs américains” et aux “Allemands partiaux”, mise dans la bouche d’un pseudo-commentateur patriotard, dénonce sans détour le racisme rampant et la paranoïa nationaliste qui contaminent la presse et les tribunes politiques — notamment celle du député Franklin-Bouillon, explicitement cité.

Le Canard se sert ici du sport pour dire autre chose : la France de 1932, minée par la crise économique, s’enivre de discours d’honneur et de revanche. Elle refuse de voir que ses revers ne viennent pas de complots étrangers, mais de son propre immobilisme. La même logique d’excuses et de bouc émissaire traverse la diplomatie et la politique intérieure : on perd, on se plaint, on se félicite d’avoir “sauvé la morale”.

La charge culmine dans un passage digne d’un sketch de Courteline : pour les prochains Jeux, dit-on, « la première précaution sera d’emporter notre piste avec nous ». Quant aux nageuses Yvonne Godart et Taris, “elles ont trouvé un drôle de goût à l’eau américaine”. L’humour est sec, absurde, tranchant — un procès du chauvinisme par le comique de répétition.

Un budget bien “bouclé”

Mais c’est dans le paragraphe final que la satire devient politique. “On ne pourra pas reprocher à la délégation française d’avoir loyalement et scrupuleusement dépensé le crédit de 3 millions de francs accordé par la Princesse.” Puis vient la révélation : la délégation avait demandé 7 millions, obtenu 3, et réclame maintenant une indemnité… pour avoir dû écouter un discours de Paul Claudel ! Le ridicule devient absolu : les sportifs se plaignent non de la fatigue, mais de la culture imposée.

Derrière le rire, on lit tout le cynisme du système : les budgets sont “scrupuleusement dépensés”, les défaites “honorables”, les fautes “étrangères”. En une colonne, Le Canard fait de l’Olympisme un miroir du régime : verbeux, bureaucratique, content de lui-même. Dans une France qui s’enfonce dans la récession, ce texte sonne comme un avertissement : à force de confondre grandeur et autosatisfaction, le pays court droit à la désillusion.

Un humour de naufrage

À l’été 1932, entre un gouvernement Herriot à bout de souffle et un chômage en hausse, le retour des athlètes français de Los Angeles aurait pu être un moment d’unité nationale. Le Canard en fait une farce grinçante. Le sport y devient un théâtre où se joue la tragédie nationale : celle d’un pays qui se regarde dans le miroir de ses illusions et rit pour ne pas pleurer.