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N° 875 du Canard Enchaîné – 5 Avril 1933

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On a beaucoup exagéré les incidents antisémites d’Allemagne

Le 5 avril 1933, Le Canard enchaîné publie un faux reportage de Drégerin : « On a beaucoup exagéré les incidents antisémites d’Allemagne ». Sous le masque du sarcasme, il révèle l’horreur nazie naissante. Tandis que la propagande vante “l’ordre nouveau”, le Canard montre — en creux — les coups de crosse, le ricin, les Juifs bâillonnés devant le micro. Le dessin de Guilac achève la scène : un rabbin torturé “parle librement”. En avril 1933, quand la presse française regarde ailleurs, Le Canard voit déjà venir la nuit.

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« Rien de plus inexact » : Drégerin face à l’aveuglement européen

Le 5 avril 1933, Le Canard enchaîné publie à sa une un article d’une violence feutrée : « On a beaucoup exagéré les incidents antisémites d’Allemagne ». Signé Drégerin, il emprunte le ton d’un faux reportage envoyé de Berlin, dans la grande tradition du Canard : ironie glaciale, narration au second degré, accumulation d’euphémismes jusqu’à l’absurde.

Le dessin de Guilac complète le texte : il montre le “grand rabbin de Berlin” attaché à son fauteuil, sous la surveillance de soldats nazis armés, tandis qu’il prononce, au micro, un discours de soumission. L’un des miliciens lui chauffe les pieds, un autre le vise au revolver, et un troisième lève le marteau prêt à frapper. En légende, une phrase d’une cruauté exemplaire : « Le grand rabbin de Berlin prononce en toute indépendance et en toute liberté d’esprit son discours devant le micro. »

Tout est dit : l’Allemagne d’Hitler inaugure son règne par la terreur, et l’Europe, elle, fait semblant d’y croire.


Une ironie au vitriol contre le déni

Drégerin ouvre son article par une fausse note de condescendance : « Ces Allemands seront toujours les mêmes : des plagiaires, des imitateurs et rien de plus. » Les nazis ne sont même pas originaux, dit-il : “Pour peu, ils s’imagineraient qu’ils ont inventé l’antisémitisme !” Le renversement est d’une efficacité implacable : à la prétention du Reich à incarner une idéologie “neuve”, il oppose la longue tradition française du racisme d’État — Drumont, Dreyfus, l’État-Major.
Autrement dit : ne rions pas trop fort, nous avons ouvert la voie.

Le passage sur Édouard Drumont, auteur de La France juive et père de l’antisémitisme “moderne”, sonne comme un aveu collectif : « A-t-il attendu Hitler pour exister, Drumont ? » La formule renvoie à la responsabilité française dans la fabrication du discours antisémite — discours que le nazisme, désormais, porte à son paroxysme.

Mais le cœur du texte est ailleurs : dans la mise en scène d’un “grand rabbin de Berlin” censé prouver, micro à la main, que tout va pour le mieux sous le nouveau régime. Cette parodie d’interview est l’une des pages les plus noires jamais écrites par Le Canard enchaîné.


Le rire du supplice

“D’abord, ce n’étaient pas des matraques et des revolvers, mais simplement des crosses de Mauser et des mitraillettes Maxim.”
Cette phrase, faussement neutre, glace le sang. Drégerin reproduit la rhétorique de la propagande nazie pour la retourner contre elle : minimiser l’horreur devient, ici, une forme de confession. Le rire s’étrangle : il ne sert plus à détourner la peur, mais à la révéler.

L’auteur pousse la logique du déni jusqu’à la folie. Dans sa bouche de faux témoin, tout devient prétexte à relativiser : les coups sont “cordiaux”, les sévices deviennent “visite de courtoisie”, le ricin est “offert gracieusement par les sections d’assaut”. Et quand le rabbin s’écrie enfin : « Il ne faut pas croire un mot des sornettes qu’on colporte à l’étranger sur le sort des Juifs d’Allemagne », le lecteur comprend que chaque mot est une accusation — retournée.

Cette scène, datée du 4 avril 1933, fait écho à la campagne antisémite déclenchée par le régime nazi à partir du 1er avril : le “boycott” des commerces juifs, l’humiliation publique, les passages à tabac, les exclusions professionnelles. Tandis que la presse officielle allemande affirme que les “excès” sont exagérés, Le Canard montre qu’ils constituent déjà la norme.


Quand la satire devient acte de résistance

L’ironie finale est terrible. Le rabbin, “légèrement à court de souffle”, demande qu’on lui desserre la cordelette qui l’étrangle, puis déclare d’une voix éteinte :
« En somme, la situation en Allemagne est absolument favorable. Les Juifs n’ont qu’à se louer du nouveau régime. »
Et Drégerin de conclure par une “provocation” d’apparence légère : si les Juifs allemands sont persécutés, c’est bien leur faute — ils n’avaient qu’à changer de nom : “Wiener, Rothschild, Davidet… pourquoi pas Forest, Daudet, Maurois ou Savoir ?”
Ce trait final, d’une amertume acide, dénonce non seulement le cynisme nazi, mais aussi l’hypocrisie française : cette facilité avec laquelle certains intellectuels et journaux se bercent de l’idée que “chez nous, cela n’arriverait pas”.


1933 : le rire au bord de l’abîme

En avril 1933, la plupart des journaux français — du Temps au Matin — traitent les premières persécutions nazies avec prudence. On parle de “rumeurs”, d’“excès de zèle”. Le Canard enchaîné, lui, tranche net : il montre l’horreur dès son apparition, sans pathos, mais avec une ironie tranchante comme une lame.

Sous le vernis comique, l’article dit tout : le mensonge, la complicité, l’aveuglement volontaire. C’est un texte de résistance avant l’heure, où le rire devient une arme contre la terreur.

Drégerin signe ici une page d’histoire du journalisme satirique : à la fois dénonciation et prophétie. En 1933, il fallait un courage rare pour écrire que “l’huile de ricin” ne vient jamais seule.