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Les plumes du Canard

Henri Jeanson , dit Huguette ex-Micro

1900 - 1970

Sa participation au Volatile : 1928 à 1970

Henri Jeanson – Après la Libération, Henri Jeanson collabora au Crapouillot, au Canard enchaîné où il tint la rubrique cinématographique sous le pseudo de Huguette ex-Micro, à Combat, puis à l’Aurore (comme critique de télévision). Il écrivit encore de nombreux dialogues de films.
En 1947, il était secrétaire général du syndicat des scénaristes CGT en 1947 et membre du bureau de la fédération CGT du spectacle.
Il se retira en 1952 à Honfleur où il mourut en 1970.
Dans son hommage publié le 11 novembre 1970 dans *Le Canard enchaîné*, Jérôme Gauthier évoque la disparition d’Henri Jeanson avec une grande émotion et un ton familier, témoignant de leur relation de camaraderie. Il célèbre l’audace, l’irrévérence et le talent unique de Jeanson pour manier la satire avec un humour mordant, fidèle à l’esprit du journal. Gauthier partage des anecdotes personnelles qui illustrent la personnalité vive et engagée de Jeanson, tout en soulignant l’irremplaçabilité de ce dernier, dont la perte laisse un vide immense au sein de l’équipe et du journalisme satirique français.
Henri Jeanson est un écrivain, journaliste, scénariste et populiste français, né le 6 mars 19001 à Paris 13e et mort le 7 novembre 1970 à Équemauville (Calvados). Il a également été satrape du Collège de ‘Pataphysique.
Henri Jeanson est né à Paris boulevard de Port-Royal, d’un père instituteur1 et professeur d’économie politique. À six ans, il entre à l’école communale de la rue de l’Arbalète. Très jeune, il manifeste un mépris de l’autorité, ainsi à sept ans, tous les matins, lorsqu’il passe devant l’appartement se trouvant au rez-de-chaussée de son immeuble dans lequel vit un officier de paix, il crie « À bas les flics, morts aux vaches ! ». Son père meurt à 45 ans de la tuberculose alors qu’il a 10 ans. Sa mère l’élève seule et doit travailler dans une parfumerie puis à la Banque nationale pour le commerce et l’industrie. Il entre comme boursier au lycée Henri-IV.
En 1917, après divers petits métiers (futur pacifiste, Henri Jeanson occupe ainsi un rôle de figuration de soldat dans une carte « porte-bonheur » pour un marchand de cartes postales…), fréquentant les maisons de tolérance, il devient journaliste au journal La Bataille, organe de la CGT, mais rêve de devenir comédien. En 1918, il est réformé pour faiblesse.
Remarqué pour sa plume redoutable, il est journaliste dans les années 1920 et intervient comme reporter, interviewer ou critique de cinéma, et se distingue par ses bons mots, la virulence de son style et un goût prononcé pour la polémique.
Il travaille dans divers journaux dont le Journal du peuple, Les Hommes du jour, Le Canard enchaîné, où il défend le pacifisme intégral et se lie d’amitié avec Marcel Achard et Antoine de Saint-Exupéry.
En novembre 1923, en reportage en Italie pour le compte de Paris-Soir, il rencontre Kurt Lüdecke, un agent d’influence nazi, collecteur de fonds pour le NSDAP, et, l’interviewant, lui pose cette question : « Quand Hitler se sera emparé du pouvoir, que fera-t-il ? », celui-ci lui répond : « On ne peut rien prévoir. En tout cas, l’Allemagne subira une brutale dictature nationale qui s’inspirera de celle de Lucius Cornelius dans la Rome antique. Pour restituer à notre patrie la liberté de l’intérieur et de l’extérieur et pour faire respecter les droits du peuple allemand, nous emploierons tous les moyens. Pour le salut de la culture chrétienne, les autres peuples suivront notre exemple. Nous séculariserons les biens juifs et nous irons exterminer les derniers survivants en Russie. »
En avril 1932, il se fait remarquer par sa célèbre apostrophe au préfet de police Jean Chiappe parue dans le quotidien Les Hommes du jour d’Henri Fabre. Le titre était Little flic Quiappe, préfet sur talonnettes. Il y ajoutait le post-scriptum suivant :
    « Lorsque j’ai déménagé, j’ai envoyé à M. Quiappe la carte suivante : Henri Jeanson, 14, rue de la Fontaine, Auteuil 33-12. Et j’ai ajouté de ma main sur cette carte : Pour tous renseignements s’adresser à la concierge. Au cas où, selon sa louable habitude, M. Quiappe voudrait, soit mettre de la coco dans mes poches, soit me compromettre dans j’ignore quelle affaire, il sait où me trouver : 14, rue La Fontaine, 2e étage à droite. La sonnette fonctionne. »
Il démissionne du Canard enchaîné en 1937, par solidarité avec Jean Galtier-Boissière. Il s’en explique dans La Flèche de Paris, où il tiendra dès lors une rubrique de critique cinématographique.
Il est condamné en juillet 1939 à 18 mois de prison pour avoir publié dans SIA (Solidarité internationale antifasciste), le périodique fondé en novembre 1938 par Louis Lecoin, plusieurs articles sur les colonies portant atteinte à l’intégrité du territoire national.
Le 3 juillet 1939, il est également condamné à 100 francs d’amende pour un article dans lequel il félicitait Herschel Feidel Grynszpan pour son attentat contre Ernst vom Rath, conseiller à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Il est arrêté, en novembre 1939, alors qu’il a déjà rejoint son régiment à Meaux, pour des articles parus en mars et août 1939 et pour avoir signé le tract de Louis Lecoin « Paix immédiate ». Le 20 décembre 1939, il est condamné par un tribunal militaire à 5 ans de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance », mais ne restera en prison que quatre mois.
Quelques jours avant l’entrée des Allemands à Paris, Henri Jeanson est en prison pour ses écrits pacifistes. Sa levée d’écrou est obtenue par César Campinchi, avocat et ministre. Peu après, en 1939, il est consigné au dépôt d’infanterie, et ne sera démobilisé qu’à l’armistice du 24 Juin 1940. Il ne quitte pas Paris et, entré en contact avec Roger Capgras, mandataire des halles et directeur du Théâtre des Ambassadeurs, se voit confier en août 1940 la rédaction en chef d’Aujourd’hui, un journal « indépendant ». Le premier numéro sort le 10 septembre 1940. En novembre 1940, les autorités allemandes somment le polémiste de prendre publiquement position contre les Juifs et en faveur de la politique de collaboration avec l’État français. Henri Jeanson démissionne alors, puis retourne en prison. Il est libéré quelques mois après, à la suite de l’intervention de son ami Gaston Bergery, néoradical passé à la collaboration par ultra-pacifisme. Interdit désormais de presse et de cinéma, il travaille au noir, écrivant des dialogues de films qu’il ne signe pas. Avec Pierre Bénard, il participe à l’élaboration de feuilles clandestines et manque d’être encore une fois arrêté en 1942. Il restera dans la clandestinité jusqu’à la Libération.
Henri Jeanson retrouve la rédaction du Canard enchaîné à la Libération. Il reprend alors son métier de journaliste (au Crapouillot, au Canard enchaîné, à Combat, à l’Aurore). Il quitte la rédaction du Canard enchaîné en avril 1947, à la suite d’un article coupé sur le sujet « Aragon, Elsa Triolet, Maurice Thorez et les communistes ». Ce départ fut l’occasion d’éclats, et de règlements de comptes dans la presse. Il revint ensuite au journal, et publia jusqu’en 1970 des articles dans le Canard enchaîné (où il signait ses philippiques du pseudonyme d’« Huguette ex-Micro », allusion malicieuse à l’actrice créditée sous le nom d’Huguette ex-Duflos). Il participe à Cinémonde. De 1967 à 1970, il est critique de télévision pour le quotidien L’Aurore.
Il fut redouté dans le monde des arts et de la politique pour ses formules assassines. Ainsi à propos de l’actrice Maud Loty : « Un mégot de femme ramassé sur le trottoir », du journaliste Clément Vautel « qu’il lit d’un derrière distrait ».
Il a également mené, en avant-garde, de grands combats politiques (pacifisme, anticolonialisme, défense de la liberté d’expression), tout en demeurant toujours un homme libre. Ainsi, en 1956, il rédige et signe la préface d’un livre de Paul Rassinier intitulé Le Parlement aux mains des banques.
Henri Jeanson a abandonné le cinéma en 1965 pour se consacrer au journalisme polémique et à la rédaction de ses mémoires, qui seront publiés sous le titre 70 Ans d’adolescence, quelques mois après sa mort. Il est mort à Équemauville, près d’Honfleur (Calvados) le 6 novembre 1970.

Source: Wikipédia