Jean Clémentin, dit Jean Manan, né le 21 mai 1924 à Douvres-la-Délivrande (Calvados) et mort le 6 janvier 2023 à Paris, est un journaliste et écrivain français. Il fut l’une des grandes plumes du Canard enchaîné. Il est révélé en février 2022 qu’il aurait également été un agent et un espion pour les services secrets tchécoslovaques de 1957 à 1969, pendant la Guerre froide.
Fils d’agriculteur, il suit l’enseignement des jésuites avant de se lancer dans des études commerciales. Il apprend aussi l’allemand, le tchèque, le polonais et le hongrois.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il part comme volontaire travailler en Allemagne, et se situe plutôt politiquement à l’extrême droite.
Après la fin de la guerre, il part en Indochine française, comme soldat (rapidement détaché au service d’information), puis comme journaliste pour le compte d’Associated Press. La prise de conscience des crimes de la colonisation et de la guerre coloniale en cours le rapproche du monde communiste. Pendant sa période indochinoise, et après son retour en France, en 1950, il travaille pour des journaux situés à gauche : Combat, Les Temps modernes, Les Cahiers internationaux, Regards, Libération (d’Emmanuel d’Astier).
Il entre au Canard enchaîné à la fin des années 1950. Grâce à ses contacts dans les milieux militaires, il s’y illustre, pendant la guerre d’Algérie. Il y rédige chaque semaine les Carnets de route de l’ami Bidasse, reprenant une rubrique qu’avait créée André Guérin en 1939-1940. Au cours de cette période, il donne aussi une impulsion au journal dans le domaine de l’investigation.
De fait, dans les années 1970, l’information du Canard enchaîné est organisée autour de Clémentin, dont il est le rédacteur en chef. Il participe au « grand basculement de la satire à l’information »(tout en relayant de la désinformation au service du KGB, par l’intermédiaire du StB, comme on l’apprendra plus tard). Son souhait explicite est de faire en sorte que le Canard enchaîné ne soit pas un journal partisan, mais « un journal sans exclusive politique, sans esprit partisan, dont la rédaction serait composée de gens de droite et de gauche » et permettrait donc de « couvrir tout l’échiquier politique ». Jean Clémentin vise à promouvoir la recherche des « informations exclusives et sensationnelles ». Il se heurte à de farouches oppositions. Il favorise notamment la collaboration au Canard enchaîné de journalistes-enquêteurs étiquetés à gauche (dont Claude Angeli) mais aussi à droite (dont Jean Montaldo) et d’autres évoluant de l’extrême droite à la gauche (dont Roland Jacquard).
Clémentin abandonne la co-rédaction en chef en 1976, et l’information au début des années 1980, pour prendre en charge la critique littéraire. Désireux de se consacrer à l’écriture, il quitte le Canard enchaîné en 1989.
Source: Wikipédia