C’est un article collectif, signé « l’équipe du Canard », qui, dans le No 2458 du 29 novembre 1967, rend hommage à sa directrice et cofondatrice, Jeanne Maréchal, née Prunier, décédée le 25 novembre, à l’âge de 82 ans, à son domicile parisien, square de Clignancourt.
« Le Canard a perdu sa mère. Elle l’avait porté dans ses bras – littéralement – puisqu’en 1916, dans le Paris en guerre, elle partait à bicyclette servir les premiers abonnés. Le Canard, alors, c’était Maurice et Jeanne. Lui s’occupait de la rédaction, elle de l’administration ». Sans Maurice, disparu le 15 février 1942, elle fait reparaître le Canard à la libération, fidèle à la promesse qu’elle avait faite à son mari. Elle respecta aussi sa volonté de confier le destin du journal à ses collaborateurs, pour le protéger des convoitises. Ainsi, en 1953, elle repoussa l’offre de la Franpar, filiale presse du groupe Hachette, qui détenait France-Soir, de racheter le Canard, alors moribond. Elle tint bon et lui redonna des ailes, secondée, notamment, par le fidèle Tréno, rédacteur en chef pendant 20 ans, et qui lui succédera, et l’administrateur André Sauger. Elle laissa à sa mort l’hebdomadaire, devenu quinquagénaire, en pleine forme.
« C’était une grande dame. C’était la mère du Canard. C’était notre mère à tous. Adieu Jeanne Maréchal ! ».
SP