Maurice Pierre Lebesque, dit Morvan Lebesque, né à Nantes le 21 janvier 1911 et mort à Rio de Janeiro le 4 juillet 1970, est un journaliste et essayiste français.
Il fréquente le mouvement breton dans les années 1920 et fait partie de plusieurs groupes politiques comme le Parti autonomiste breton puis le Parti nationaliste breton intégral avant de partir à Paris, où il exerce plusieurs métiers. Ayant gardé des contacts dans ce mouvement, il continue de le fréquenter par intermittence, et finit par travailler un temps comme secrétaire de rédaction du journal L’Heure bretonne en 1940.
Il retourne à Paris la même année, et participe à plusieurs revues pendant l’Occupation, dont Je suis partout. Dans le Paris occupé, il rencontre plusieurs figures de l’intelligentsia comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui influenceront par la suite son œuvre.
Après la guerre, il se fait connaître comme auteur au Canard enchaîné où il signe 859 chroniques en 18 ans. Il y prend régulièrement pour cible les institutions de la Cinquième République ainsi que le général de Gaulle. À la fin des années 1960, il se rapproche de la nouvelle génération du mouvement breton, et signe en 1970 le pamphlet « Comment peut-on être Breton ? » qui devient un succès de librairie.
Morvan Lebesque définissait le Canard enchaîné par cette citation : « Le Canard enchaîné rallie tous ceux qui voulaient rire de ce qui les faisait pleurer ».
Lebesque entre au Canard enchaîné en 1952, probablement sur recommandation d’Yvan Audouard qui pourtant ne l’apprécie guère, et y gagne rapidement la confiance du rédacteur en chef Ernest Reynaud. Il y passe 18 ans et y signe un total de 859 chroniques, devenant l’un des auteurs les plus populaires du journal. Il est souvent à la marge des autres journalistes y travaillant et, peu présent, se contente souvent d’envoyer ses articles par la poste ou par coursier, n’apparaissant que pour les grandes occasions. Il s’implique pourtant dans certains projets, comme le cinéclub du Canard qui organise des voyages à Bruxelles pour voir des films interdits par la censure français.
Dans la première partie de sa carrière au Canard, de 1952 à 1958, il s’intéresse assez peu à la politique française comme internationale, et ses chroniques se tournent vers des événements quotidiens ou les problèmes des gens modestes, ce qui n’empêche pas un certain positionnement politique. De gauche, il critique pourtant les partis parlementaires de cette tendance, des radicaux à la SFIO, sans pour autant opter pour le PCF, pourtant influent à l’époque, et est plus proche des idées de Proudhon. Plus largement hostile aux structures étatiques et aux institutions, il prend régulièrement pour cible l’armée, l’Église et l’administration. Il commence à s’opposer aux communistes, parfois de manière très virulente, après l’insurrection de Budapest de 1956. À partir de 1958, il devient un opposant à la Cinquième République et au gaullisme.
Ses idées évoluent vers le début des années 1960, et il s’oriente vers une nouvelle gauche plus constructive. Il devient de plus en plus hostile à l’État français, qu’il perçoit comme un Léviathan liberticide, et meilleur allié du capitalisme. Dans cette optique, il prend pour cible les élites, et exprime sa défiance envers la démocratie représentative et le parlementarisme. Il écrit de nombreuses fois au sujet de la guerre d’Algérie (12 articles en 1956, une trentaine entre 1960 et 1962), niant la mission civilisatrice de la France dans ce pays, et critiquant tant les attentats du FLN que le recours à la torture côté français. En 1961, il revient aussi sur son passé raciste lors de son passage au PNBI, et qualifie cette idéologie de « défaillance de l’esprit ». Il prolonge ce sujet en 1967 se rendant dans les États ségrégationnistes aux États-Unis d’où il tire plusieurs chroniques, puis en 1970 en publiant un reportage sur les foyers de travailleurs immigrés de région parisienne. Jusqu’en 1966, il reste par ailleurs discret sur la question bretonne, mais évoque de temps en temps la région en évoquant ses expériences de jeunesse.
Lebesque accueille Mai 68 avec beaucoup d’espoirs, et participe à de nombreux meetings pendant les événements. Il y voit une possibilité de bousculer le pouvoir gaulliste, et une opportunité pour le mouvement breton, mais ne place pas d’espoir dans la gauche française, en raison selon lui de son trop grand étatisme. Il soutient par ailleurs Daniel Cohn-Bendit contre le journal L’Humanité.
Source Wikipédia